
Haussaire, élus, consules, chefs de la police et de la gendarmerie, président du Sénat coutumier et représentants d’institution… La salle d’audience de la cour d’assises du tribunal de Nouméa affichait complet ce lundi matin, non pas pour assister au procès d’un criminel, mais à la présentation des nouveaux magistrats de la cour d’appel et du tribunal de première instance. Deux cérémonies solennelles, mais importantes pour des juridictions confrontées à une activité soutenue et à un contexte local exigeant.
Le tribunal de première instance traite la majorité des affaires civiles et pénales, de la vie quotidienne aux contentieux commerciaux. La cour d’appel, quant à elle, est la juridiction chargée de réexaminer les décisions rendues en première instance. Elle garantit le droit à un second jugement. Ensemble, ces deux institutions forment le cœur de l’appareil judiciaire.
Dans leur allocution, les présidents de juridiction ont salué l’arrivée de plusieurs magistrats et greffiers venus renforcer les effectifs. Un renouvellement bienvenu dans un contexte où la justice sur le Caillou doit conjuguer charge de travail importante, éloignement géographique et spécificités locales. Tous ont insisté sur la continuité du service public et sur la nécessité d’un ancrage local fort, en rappelant la place de la coutume et de certaines problématiques sociales qui exigent une approche adaptée.
Pour le nouveau procureur général, Camille Miansoni, la situation pénitentiaire reste une préoccupation majeure : "Nous avons une prison qui n’est pas à la hauteur de l’image de la France. Il faut avancer sur le projet d’un nouvel établissement et, d’ici là, trouver des solutions de désengorgement", a-t-il déclaré, mentionnant notamment la possibilité d’un centre de semi-liberté extérieur au Camp-Est pour accueillir certains détenus.

Il a également rappelé la priorité donnée à la lutte contre les violences intrafamiliales et les violences faites aux femmes, ainsi qu’à la délinquance économique et financière, trop souvent sous-estimée. "Il faut s’attaquer aussi à la délinquance en col blanc, qui détruit le tissu économique et mine la confiance", a-t-il insisté. Le magistrat a souligné le contexte tendu après les émeutes de 2024, appelant "à la vigilance" face à toute tentative de reprise des violences.
De son côté, le procureur de la République, Yves Dupas, a notamment salué l’arrivée de deux vice-procureures, dont l’une sera chargée du contentieux économique et financier. Il a lui aussi insisté sur la vigilance du parquet face aux troubles à l’ordre public et aux attaques contre les élus. "Ils doivent être respectés, quelle que soit leur appartenance politique. Nous répondrons à toute menace ou violence par une réponse pénale claire et adaptée", a-t-il martelé.

Au-delà des priorités pénales, ces audiences ont été l’occasion pour les magistrats de mettre en avant leur volonté d’ancrer la justice dans la société calédonienne. Yves Dupas a d’ailleurs souligné que "la justice doit rester proche, lisible et réactive", rappelant que la communication avec le public et les institutions locales faisait partie intégrante du travail judiciaire.
Bruno Karl, nommé premier président de la cour d’appel de Nouméa en février, est lui-même visé par une enquête préliminaire sur des soupçons de corruption et de trafic d’influence [1]. Le parquet national financier s’intéresse à Alain Chateauneuf, ex-premier président de la cour d’appel de La Réunion, et à Bruno Karl, lorsqu’il occupait la fonction de président du tribunal judiciaire de Saint-Denis. Ils sont soupçonnés d’avoir transmis des informations confidentielles à un intermédiaire dans plusieurs affaires de corruption.
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[1] https://www.lnc.nc/article/france/nouvelle-caledonie/justice/l-enquete-pour-corruption-a-la-reunion-visant-le-premier-president-de-la-cour-d-appel-de-noumea-transmise-au-parquet-financier
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