
Un épisode La Niña est en train de débuter ce mois-ci, en octobre, annonce Thomas Abinun, climatologue à Météo-France Nouvelle-Calédonie lors de la conférence de présentation de la saison cyclonique, lundi 27 octobre. "On devrait en sortir dans le courant du premier trimestre 2026." Les conséquences de ce phénomène sont multiples. La Niña favorise un environnement océanique plus chaud, un renforcement des précipitations – dont l’intensité est variable selon les épisodes – , des températures plus élevées, moins d’alizé, un temps instable plus fréquent, ainsi que des phénomènes dépressionnaires et cycloniques davantage pluvieux.

Avec La Niña, l’activité cyclonique se déplace vers le sud-ouest du Pacifique, en particulier le nord de l’Australie, le Vanuatu, la Nouvelle-Calédonie et, dans une moindre mesure, Fidji. "Les cyclones se forment plus proches de l’archipel", explique Thomas Abinun. Ils sont donc souvent moins matures quand ils arrivent sur le Caillou, parce qu’ils ont eu moins de temps pour se développer. S’ils sont normalement "moins intenses", ils amènent cependant davantage de pluie. Et le risque d’avoir un cyclone à un stade relativement élevé voire de catégorie 5 n’est pas exclu.

Sur le Pacifique Sud, il n’y a pas eu une seule saison sans cyclone depuis 1977, que ce soit sous l’influence d’El Niño, de La Niña, ou lors d’une période neutre. La moyenne atteint 9,3 phénomènes cycloniques par saison (entre 1977 et 2025) sur la région, et 4 à 5 phénomènes en Nouvelle-Calédonie. Avec La Niña cette année, "le nombre de phénomènes cycloniques, qui couvre les dépressions tropicales modérées jusqu’aux cyclones tropicaux intenses, devrait être normal ou accru, indique Thomas Abinun. Les conditions sont réunies pour avoir une activité cyclonique qui soit au rendez-vous."

Les modèles le montrent : les précipitations vont se renforcer. "On a déjà commencé à l’observer au mois d’octobre." En conséquence, les pluies devraient être supérieures aux valeurs sur l’ensemble de la saison chaude. "Cet élément nous interpelle, développe le climatologue, parce qu’on sait que si les cyclones apportent du vent, ils amènent aussi de la pluie. Et quand on est dans un environnement particulièrement humide, comme cela va être le cas cette année, on s’attend à ce que les pluies soient plus abondantes dans les cyclones." D’autant que les précipitations peuvent être "très importantes dès un stade de dépression tropicale modérée, pouvant causer de grosses inondations et mettre en péril la vie des gens".

En clair, insiste Thomas Abinun, la pluie représente un "réel danger" et peut provoquer des dégâts. "Le risque d’inondations cycloniques est renforcé pendant La Niña." La Nouvelle-Calédonie a connu de tels effets lors du passage de dépressions tropicales fortes en 2021 avec Rubis et Lucas, lors du précédent épisode La Niña. "Il avait été exceptionnel, puisqu’il avait duré trois années consécutives. On ne s’attend pas à avoir un épisode aussi important que celui qu’on a pu connaître à ce moment-là cette année."