
"On nous prend en otage au dernier moment. Et on ne nous donne aucune visibilité. On nous dit juste que la cantine s’arrête mais pour combien de temps ? On ne sait pas si c’est jusqu’à la fin de l’année ou aussi pour l’année prochaine…" Ces mamans de l’APE (association de parents d’élèves) du Sacré-Cœur, au centre-ville de Nouméa, ne décolèrent pas et se sentent "trahies" par la décision "à la dernière minute" de la Ddec (Direction diocésaine de l’enseignement catholique) de suspendre le service de cantine à compter du lundi 3 novembre. Et ce, jusqu’à nouvel ordre.
Un choix confirmé, ce vendredi 31 octobre, au lendemain du vote d’une aide exceptionnelle du Congrès de 300 millions de francs [2] censés permettre la continuité du service de cantine dans ces établissements privés. Mais à en croire la Ddec, "cette ressource ne pourra pas garantir la totalité du versement des salaires" et ne pourrait ainsi couvrir les dépenses liées au service de restauration des enfants.
Toujours est-il, cette décision radicale, qui ne laisse que quelques jours aux familles pour trouver une solution fait grincer des dents. "C’est ahurissant. Quand on discute entre nous, on voit que beaucoup de parents sont horrifiés et ne savent pas comment ils vont faire, poursuivent ces représentantes de l’APE de l’école du Sacré-Cœur, selon qui la stratégie de la Ddec "pour décrocher des subventions supplémentaires et maintenir les écoles" est "contre-productive". "Les familles ne vont plus leur faire confiance et les gens vont demander une radiation de leurs enfants dans les écoles privées pour les inscrire dans d’autres établissements l’an prochain. Sauf qu’on a contacté les services de la province Sud et ils sont surchargés de demandes de parents comme nous. Il n’y aura sans doute pas assez de places."
Ce que regrettent en particulier ces parents d’élèves, c’est le "refus" de la direction de l’enseignement catholique de mettre en place des solutions alternatives, proposées par les familles elles-mêmes : "Ils pourraient décider de fermer la cantine pour raison financière, mais proposer aux parents une possibilité de gardiennage sur place, de repas froids. Et en ce qui concerne les risques d’intoxication, faire signer une décharge aux parents qui seraient responsables du repas de leurs enfants. C’est le cas dans des écoles et des centres aérés. C’est faisable, mais ils ne veulent pas faire l’effort. Leur seule directive, c’est aucun enfant à l’école entre 11h30 et 12h45."
Un choix qu’a également tenu à dénoncer l’UGPE (Union groupement parents d’élèves) au cours d’une conférence de presse organisée ce vendredi 31 octobre. "Non seulement les cantines ne servent pas de repas, mais les informations qu’on a eues, c’est que les enfants sont priés de quitter l’établissement à partir de 11 heures et d’aller sur le trottoir pour prendre leur repas, ou d’être récupérés par les parents s’ils ont les moyens de venir, s’offusque Jean-France Toutikian, secrétaire de l’Union. Cela fait courir des risques aux enfants, et donc ce qu’on demande à l’enseignement catholique, absolument, c’est que quand il y a des actions comme ça, de les faire en concertation avec les parents d’élèves, et les APE, pour que l’on puisse s’organiser dans de bonnes conditions."
Toujours est-il, à partir de lundi, près de 9300 demi-pensionnaires (sur les 12 000 élèves) de l’enseignement catholique n’auront plus de service de cantine pour une durée indéterminée.
Links
[1] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/enseignement/la-ddec-confirme-la-suspension-du-service-de-cantine
[2] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/enseignement/education/politique/le-congres-valide-une-aide-de-400-millions-de-francs-pour-l-enseignement-prive
[3] https://www.lnc.nc/user/password
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