
En rupture avec la croissance continue observée depuis de nombreuses années, 2024 marque un net repli de l’usage des moyens de paiement dits scripturaux (comprenez hors monnaie, c’est-à-dire billets et pièces) sur les trois collectivités françaises du Pacifique, soit une baisse de 9,3 % du nombre des paiements, selon le rapport de l’IEOM publié ce mardi 4 novembre.
Un constat qui s’explique largement en Nouvelle-Calédonie par le fait que cette période a été marquée par des émeutes, synonymes de pertes d’emplois et de pouvoir d’achat, mais un peu plus surprenant en ce qui concerne Wallis-et-Futuna et surtout la Polynésie française. Au total, plus de 16 millions de francs d’opérations en moins ont été recensées entre 2023 et 2024, ce chiffre passant ainsi de 136 à 120 millions. Les montants payés sont également en recul de 2,7 %, soit une enveloppe de 9 336 milliards de francs en 2024 (contre 9 598 milliards en 2023).

Les retraits d’espèces aux distributeurs automatiques de billets sont également en diminution, affichant respectivement -10,3 % en volume et -8 % en montant. "Ce mouvement étant cependant beaucoup plus marqué en Nouvelle-Calédonie et à Wallis-et-Futuna qu’en Polynésie française, du fait de l’impact des émeutes de mai 2024", précise le rapport de la Banque centrale du Pacifique. Une donnée qui montre là encore la perte palpable de pouvoir d’achat parmi la population. Si tous les moyens de paiement scripturaux sont affectés, l’ampleur de la baisse est tout de même limitée pour l’utilisation de carte bancaire et les prélèvements.
Les établissements financiers de ces territoires enregistrent une explosion des fraudes sur les opérations de paiement, qui représentent 648,4 millions francs en 2024 (contre 376,4 millions en 2023), soit une hausse de 72,3 % en seulement un an. La carte bancaire concentre, en incluant les fraudes issues d’opérations de retraits aux distributeurs, un peu plus de la moitié du montant des fraudes supportées. Le virement et le chèque portent chacun autour d’un quart du total des données répertoriées. "Dans l’ensemble, ces taux de fraude, sauf pour le virement, restent inférieurs à ceux constatés dans l’Hexagone et les départements et les autres collectivités d’Outre-mer", tient néanmoins à nuancer l’IEOM, qui dans ce contexte "d’évolution défavorable", appelle à la prudence : "chaque titulaire de moyens de paiement scripturaux doit demeurer vigilant et veiller à ne jamais partager des informations personnelles telles que le numéro de carte de paiement, le code confidentiel associé, l’espace de banque en ligne, etc."
