
Affaire jugée du 24 au 26 novembre
C’est une affaire relativement "exceptionnelle" de par la nature des faits et du verdict rendu par la cour d’assises de Wallis-et-Futuna en août 2024, qui a acquitté le principal accusé, jugé pour meurtre ainsi que son fils, poursuivi pour recel de cadavre et maquillage de scène de crime. Le Parquet, pour qui cette décision "pose question", a donc décidé de délocaliser cette affaire à Nouméa, où elle sera jugée en appel par la cour d’assises. "Cela permettra de statuer dans les meilleures conditions. Il s’agit d’un conflit de voisinage qui a très mal tourné, explique Pierre-Yves Michau, avocat général à la cour d’appel de Nouméa. La victime aurait reproché à l’accusé d’occuper un terrain qu’elle voulait cultiver. La victime était connue pour être quelqu’un d’agressif et qui avait déjà été condamné pour des violences."
Les faits remontent au 27 novembre 2021. Un père de famille, chef d’un village du district de Hahake, et son fils terminent de travailler sur un chantier lorsqu’un voisin (la future victime), réputé pour être un fauteur de troubles, se serait approché d’eux, menaçant, en les prenant à partie, ce qui les aurait "effrayées". Le fils serait allé à sa rencontre, suivi du père qui s’était au préalable emparé d’un marteau qu’il aurait dissimulé dans son dos, avant de lui porter un coup à l’arrière du crâne "par surprise". Alors que la victime est au sol, le chef de village lui assène au moins deux autres coups à la tête, qui seront fatals. Le père demande ensuite à son fils de récupérer leur véhicule pour l’aider à transporter le corps plus loin, dans un champ. Chacun serait ensuite reparti séparément pour éviter d’éveiller les soupçons. Selon le dossier, le principal accusé serait retourné dans le champ pour mutiler les yeux et les parties génitales de la victime à l’aide d’un sabre. S’ils sont reconnus coupables en appel, le père encourt jusqu’à 30 ans de réclusion et le fils, trois ans de prison.

Affaire jugée les 18 et 19 novembre
Un homme de 45 ans va comparaître devant le tribunal pour l’assassinat (ce qui implique la préméditation de l’acte) de son oncle en avril 2022, à Pouembout, dans la tribu de Paouta. L’auteur présumé aurait décidé ce matin-là, "pour des motivations légères sur fond d’embrouille familiale", de tuer son oncle, "avec qui il n’était plus en contact depuis au moins trois ans", en s’emparant de sa carabine. Il aurait visé la victime, qui était en fauteuil roulant, en lui tirant au thorax alors qu’elle était chez elle. Trois cartouches de l’arme du crime seront retrouvés sur place. La victime est morte sur le coup. "L’accusé fait référence à des incidents assez dérisoires au vu de la gravité des actes, qui ont été commis sur fond d’alcool, précise Pierre-Yves Michau. L’oncle aurait notamment menacé sur les réseaux sociaux le père de l’accusé pour une histoire de terre." S’il est reconnu coupable, le quadragénaire encourt la prison à perpétuité.
Affaire jugée les 1er et 2 décembre
Un homme de 32 ans est accusé d’en avoir tué un autre lors d’une bagarre sur fond d’alcool, en marge d’une fête organisée à Kouaoua, le 10 septembre 2023. Au moment des faits, la victime s’est disputée avec son filleul qu’elle aurait giflé, avant qu’un autre participant à la fête n’intervienne avec des échanges de coups. C’est alors que l’accusé décide à son tour de s’en mêler pour les séparer, sauf qu’il s’acharne sur la victime à qui il assène un coup de poing, puis deux coups de pied au visage alors qu’il est tombé au sol. Quelques instants plus tard, le trentenaire assène de nouveau un "très violent" coup de poing à la victime qui tombe, à peine consciente, contre le coaltar. Du sang coule de son crâne. Transporté au dispensaire de la commune, le malheureux ne sera évacué que plusieurs heures plus tard où il succombera à ses blessures. L’accusé, qui présente déjà un casier judiciaire chargé, avec 16 condamnations dont quatre pour violences, encourt jusqu’à 15 ans de réclusion.
Trois autres "affaires de mœurs" seront jugées durant cette session d’assises. Un homme est accusé de viols répétés sur sa compagne de 2020 à 2023, à Nouméa, sur fond de violences intrafamiliales. Des faits commis y compris lorsque la victime était enceinte. "Il considère sa femme comme un objet sexuel et un esclave domestique", déplore l’avocat général à la cour d’appel de Nouméa.
La seconde affaire concerne un jeune homme de 20 ans au moment des faits, qui a forcé sa nouvelle copine à des relations sexuelles malgré son opposition en mai 2022, au Mont-Dore.
Le dernier dossier est une affaire d’inceste. L’accusé est soupçonné d’avoir agressé sexuellement et violé sa fille de 14 ans à plusieurs reprises entre avril et juillet 2021. L’adolescente, dont les parents étaient séparés, vivait d’abord chez sa mère, avec qui les relations étaient "compliquées", avant de s’installer chez son père. Après un signalement à la gendarmerie suivie d’une plainte, l’instruction a mis en lumière que l’accusé aurait également commis des viols et agressions sexuelles contre son ex-compagne et sa demi-sœur.
Ces trois hommes encourent entre 15 et 20 ans de prison.