
Dans l’agglomération, les bâtiments incendiés durant les émeutes de mai 2024 ont presque tous disparu du paysage, mis à terre progressivement à partir de la fin de l’année dernière. Si la démolition a bien avancé, le dossier de la reconstruction, lui, est toujours au point mort. Une situation qui n’est pas près d’évoluer. "En étant optimistes, les premiers chantiers de reconstruction devraient se lancer au mieux mi-2026, indique Petelo Sao, membre du gouvernement en charge de la construction, de l’habitat et de l’urbanisme. Il y a une phase d’études à mener avant ça, on essaie de réduire au maximum les délais, mais on ne peut pas non plus faire n’importe quoi."
D’ici là, le gouvernement va mener un travail de fond afin d’élaborer une "feuille de route 2026-2028 de l’investissement public" avec l’ensemble des collectivités concernées par la reconstruction, ainsi que les organisations représentatives du BTP. Ce sera l’objet du séminaire de la maîtrise d’ouvrage, organisé par l’exécutif mercredi 19 novembre au centre culturel Tjibaou. Dédié à la reconstruction et à la relance économique, l’évènement va réunir les collectivités (gouvernement, provinces et mairies) et les acteurs privés, en vue de définir les nouvelles méthodes et la planification de la commande publique pour les trois prochaines années.

"On souhaite apporter de la visibilité aux entreprises, car notre commande publique n’est pas lisible", reconnaît Petelo Sao. Il s’agira notamment de leur présenter le "plan de reconstruction qui pèse 10 milliards de francs de travaux", indique le membre du gouvernement. Une enveloppe qui va "des petits travaux de l’ordre de 300 millions" jusqu’à des chantiers emblématiques, à l’image de la reconstruction complète du Centre de formation des apprentis (CFA) à Nouville, pour la somme de 3,3 milliards de francs, ou de l’Institut de formation des professions sanitaires et sociales (IFPSS) pour 900 millions.
La construction, d’ici 2027, d’un nouveau bâtiment entre la place Bir-Hakeim et le palais de justice de Nouméa pour accueillir la Direction du travail et de l’emploi (DTEFP), anciennement abritée au Plexus, est également inscrite au plan. "Il y a douze chantiers majeurs que la Nouvelle-Calédonie va mener", annonce Petelo Sao. Ils seront financés en grande partie par l’État, à travers l’enveloppe de 24 milliards de francs octroyée à l’ensemble des collectivités calédoniennes pour la reconstruction des bâtiments publics, dont seuls 17 milliards devraient toutefois être consommés, les besoins ayant été surestimés.
Ce plan de reconstruction sera rendu "transparent", promet le gouvernement. Une gageure dans la commande publique, souvent pointée du doigt pour son opacité. Pour y parvenir, l’exécutif envisage d’élaborer un plan pluriannuel d’investissement inter-collectivités. "Cela répond à une demande du milieu de la construction, qui reproche aux collectivités un manque de visibilité sur leurs investissements à venir. On souhaite offrir une programmation générale", annonce Petelo Sao. Le sujet sera abordé le 19 novembre.
L’exécutif n’a toutefois pas attendu le séminaire pour prendre des premières mesures, notamment sur l’encadrement des marchés publics. Le montant plancher à partir duquel un appel d’offres est obligatoire a été revu à la hausse en avril. Désormais, aucune mise en compétition n’est imposée pour des contrats de commande publique de moins de 10 millions de francs. Elle a également été assouplie pour ceux compris entre 10 et 100 millions. "Cela vise à permettre une consultation beaucoup plus rapide pour les plus petits chantiers, et d’éviter le délai de six mois d’une commission d’appel d’offres", explique Petelo Sao. Reste à estimer l’efficacité de la mesure, six mois après son instauration. Le séminaire, qui se veut "collaboratif", "va justement nous permettre de faire un point avec les acteurs concernés et de voir si on doit maintenir ces dispositions dans un cadre transitoire ou les pérenniser."