Quitter l’aérodrome de Magenta pour mutualiser les moyens d’Aircal et Aircalin, à La Tontouta permettrait à la Nouvelle-Calédonie, selon le gouvernement, d’économiser près de 500 millions de francs par an. Alors que l’exécutif vient de publier une page internet dédiée à ce projet de transfert [1] pour expliquer, dans le détail, cette démarche et répondre aux questions des utilisateurs, le groupe UC-FLNKS au Congrès ne l’entend pas tout à fait de cette oreille.

"Nous ne disposons pas d’informations suffisantes permettant de mesurer précisément les contraintes d’exploitation liées à la plateforme de Magenta ainsi que les conséquences économiques et sociales pour la société et les usagers du transfert de l’activité vers l’aéroport de La Tontouta, estime son président Pierre-Chanel Tutugoro, pour qui cette "absence d’informations" conforte son groupe dans leur demande au Congrès de créer une commission d’enquête afin de "faire toute la lumière sur les choix stratégiques et les arbitrages opérés au cours des dernières années" autour d’Aircal. Objectif : "analyser la cohérence, la réalité et la viabilité" du plan de redressement proposé par la compagnie aérienne, frappée de plein fouet par la crise et la chute du nombre de passagers depuis le 13-Mai. Une situation qui a contraint la direction à lancer un vaste plan social pour se séparer d’un tiers de son personnel [2].

"Zones d’ombre"

Si le projet de transfert des activités de Magenta vers La Tontouta, est considéré par l’exécutif "comme une solution stratégique pour garantir la survie et le développement du transport aérien domestique", l’UC-FLNKS et nationalistes estime que "des zones d’ombre persistent". "Malgré des aides publiques massives issues des dispositifs " continuité pays " et " solidarité transport ", et représentant chaque année plus de 20 % du total des produits d’exploitation de la société, malgré la défiscalisation systématique de ses investissements aériens et des aides ponctuelles de la Nouvelle-Calédonie pour le remboursement des emprunts souscrits pour l’acquisition de la flotte, malgré tout, la compagnie a enregistré un exercice déficitaire en 2024, affichant un total cumulé de près d’un milliard de francs de pertes, note Pierre-Chanel Tutugoro, selon qui : "Compte tenu de l’importance stratégique de la compagnie, de l’ampleur des fonds publics déjà mobilisés et de l’impact de son activité sur la continuité du service de transport aérien local, il apparaît indispensable que les élus du Congrès disposent d’une vision claire, complète et objective de la situation."