
De plus en plus d’abandons et de moins en moins de subventions. Depuis la crise du 13-Mai, c’est la double peine pour les associations de protection animale qui recueillent, autant que faire se peut, les boules de poils, et viennent également en aide aux familles plongées dans la précarité, pour lesquelles il devient de plus en plus difficile de nourrir leurs fidèles compagnons.
"Il y a une hausse du nombre d'abandons forcés d'animaux depuis le 13 mai" [1]
Dans ce contexte, le gouvernement organise, depuis l’an dernier, des opérations "croquettes solidaires", une campagne de dons à destination de ces associations. Ce mercredi 19 novembre, près de 2,5 tonnes de nourriture ont ainsi été distribuées aux bénévoles dans les docks de Cheval distribution, à Nouméa, sous le regard attentif d’Isabelle Champmoreau. "Il s’agit de notre troisième campagne, ce qui représente un total de 6 tonnes. Ces volumes importants nous permettent, avec les fournisseurs, d’avoir des prix plus attractifs et de pouvoir augmenter les commandes qui serviront aux associations, mais aussi aux familles, dont les besoins en aides se sont vraiment accentués avec la crise, explique la membre du gouvernement en charge du bien-être animal. On n’a pas de chiffre exact, mais les associations nous remontent des problématiques d’abandon en hausse. Il y a également les personnes qui quittent le territoire, avec parfois des difficultés à emmener leur animal, soit à cause du coût, soit parce qu’il y a des saturations et donc pas assez de places au niveau du transport aérien. C’est pour toutes ces raisons que nous proposons ces opérations auprès des associations, que nous espérons pouvoir de nouveau subventionner comme avant dès l’année prochaine."
D’ici là, et face à une "prolifération anarchique" des chiens et des chats dans le pays, le gouvernement entend maintenir ses campagnes de stérilisation, rappelant que cette action financée par l’exécutif a concerné près de 8 000 animaux en dix ans. "La prochaine étape sur ce sujet est un travail que nous avons engagé avec les bailleurs sociaux, pour mener des opérations de stérilisation sur des secteurs géographiques identifiés avec les associations, en collaboration avec les propriétaires", annonce Isabelle Champmoreau.

Un acte qui semble se démocratiser, en particulier au lendemain des insurrections de 2024. "Depuis le 13-Mai, comme les gens ont de grosses difficultés financières et que clairement, ils ont faim, ils finissent par demander de l’aide pour eux, puis aux associations de protection animale, car ils ne peuvent plus nourrir leurs chiens et leurs chats, ce qui était beaucoup moins le cas auparavant, raconte Tiphaine Martin, bénévole au sein des Sans voix. Au départ, ces personnes viennent pour les croquettes, ce qui nous permet d’aller dans des quartiers où on ne rentrait pas du tout avant. Et quand on dépose les croquettes, on en profite pour discuter, pour proposer de la stérilisation. L’idée fait son chemin et on nous recontacte de plus en plus. On assiste à une évolution des mentalités sur cette question."
Pour autant, les associations ne peuvent pas porter à bout de bras et seules ce combat. Et le gouvernement en a conscience, "réfléchissant" à ouvrir un second refuge pour animaux "dans les années à venir", en complément de celui de la Spanc de Koutio. Mais un tel projet, à l’heure où les finances des collectivités sont exsangues, ne pourra se concrétiser qu’à "moyen terme". "Ce n’est pas possible maintenant pour des raisons budgétaires, car la construction d’un nouveau foyer comme la Spanc représente déjà 140 millions de francs d’investissement, sans parler de son fonctionnement, glisse Isabelle Champmoreau. Il faut qu’on fasse d’abord une étude technique pour trouver un emplacement plutôt dans l’agglomération, que l’on identifie une structure associative qui le portera, et surtout qu’on soit capable d’en supporter le fonctionnement. En tout cas, on arrive à un point où un seul refuge ne suffit plus."
