
Depuis plusieurs années, la Nouvelle-Calédonie s’emploie à développer le numérique, vu comme une voie de diversification de l’économie, à travers son Plan stratégique pour l’économie numérique. Dernier projet en date : Campus N, que le gouvernement a imaginé en partenariat avec plusieurs acteurs – vice-rectorat, Université de Nouvelle-Calédonie, Chambre de commerce et d'industrie (CCI), Fonds interprofessionnel d’assurance formation (Fiaf). Lauréat du programme national France 2030, il a permis à la Nouvelle-Calédonie de bénéficier d’une subvention de 238 millions de francs – sur un coût total de 356,8 millions de francs – afin de le mener à bien.
L’axe central repose sur la formation de Calédoniens aux métiers du numérique, qui sont "en forte tension", selon le gouvernement. L’UNC va ouvrir de nouveaux cursus aux étudiants, une formation d’administrateur d’infrastructures sécurisées, une licence Miashs (Mathématiques et informatique appliquées aux sciences humaines et sociales), ainsi qu’une classe universitaire préparatoire aux grandes écoles à dominante informatique.
Outre ces diplômes spécialisés, l’université va instaurer des enseignements transversaux à destination de l’ensemble des étudiants, quelle que soit leur discipline. "L’idée est d’augmenter le nombre de certifications Pix, qui permettent de valoriser ses compétences numériques sur son CV, de sensibiliser aux bonnes pratiques, comme le fait de ne pas changer d’ordinateur ou de téléphone tous les ans, à la cybersécurité et à la bonne utilisation de l’intelligence artificielle, afin que tout le monde ait ces compétences dans son bagage", explique Gilles Taladoire, maître de conférences en informatique et chargé de mission au numérique à l’UNC.

La formation concerne également les salariés qui voudraient se reconvertir (dix places seront ouvertes en 2026), ou les demandeurs d’emploi (20 places leur seront dédiées l’an prochain). "On ne veut pas former pour former, mais pour répondre aux besoins des entreprises", souligne Christopher Gygès, membre du gouvernement en charge de l’économie. Or, le secteur peine à recruter. "On a beaucoup d’offres d’emploi en ce moment, ne serait-ce que dans la fonction publique, qu’on n’arrive pas à pourvoir", témoigne Florence Lemaire, cheffe de service à la Direction du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle (DTEFP).
En cause, notamment, le fait "qu’il n’y a pas assez de jeunes attirés" par la filière. D’où la volonté "d’ouvrir les formations au plus grand nombre, un facteur d’attractivité", considère Florence Lemaire, qui insiste sur "la filière d’avenir" que constitue le numérique et, surtout, son accessibilité à différents profils. "Un communicant, par exemple, peut aller vers l’analyse de données, parce qu’il a cette capacité à chercher l’information. Il y a beaucoup de métiers différents, le développement, le réseau, la cybersécurité, etc. Et c’est ouvert à tout le monde." D’autant que les besoins vont croître dans les années à venir.
Le territoire est censé pouvoir pérenniser Campus N par ses propres moyens dans trois ans, une fois la phase de structuration passée, et ainsi aboutir à la création du Campus des métiers et des qualifications (CMQ) dédié au numérique, qui devrait être hébergé à la Station N.