
À quoi aspirent les adolescents ? Comment se comportent-ils dans et en dehors des établissements scolaires ? Comment se sentent-ils, physiquement et mentalement ? Voilà, en substance, ce qu’a cherché à savoir la province Sud avec l’aide du vice-rectorat, de la Ddec et de l’Agence sanitaire et sociale, dans le cadre de la deuxième édition de Bien dans mes claquettes, une vaste étude réalisée auprès des élèves de 3e de la province Sud. Inspirée du modèle islandais, cette enquête vise à mieux comprendre les adolescents afin d’orienter les politiques publiques qui leur sont dédiées. Pas moins de 2 745 jeunes ont été interrogés entre avril et mai 2025, et 2 323 ont accepté de répondre aux 189 questions de l’étude, soit un taux de participation de 85 %. La province Sud a dévoilé les résultats lors d’une conférence de presse organisée jeudi 20 novembre. La comparaison avec ceux issus de la première édition, en 2022, permet d’observer certaines tendances.

C’est la principale satisfaction de l’enquête pour les représentants de la province : entre 2022 et 2025, les jeunes sont moins nombreux à consommer régulièrement des substances psychoactives. Cela se vérifie sur l’ensemble des produits. Ils sont ainsi 10 % à avoir déclaré une consommation de cannabis dans les trente derniers jours, contre 14 % en 2022. Concernant l’alcool, 24 % des sondés ont indiqué en avoir bu dans le mois précédent, c’est huit points de moins qu’il y a trois ans. La baisse est notable également pour le tabac : 21 % en ont fumé dans les trente derniers jours, contre 26 % en 2022.
Une diminution est également constatée concernant l’usage de la cigarette électronique, très en vogue chez les jeunes ces dernières années, et particulièrement chez les filles. 51 % des 14-15 ans ont déjà vapoté, une baisse de neuf points en trois ans.

"C’est une vraie déception", reconnaît Gil Brial, deuxième vice-président de la province Sud en charge de l’enseignement. En trois ans, la pratique d’une activité sportive a fortement reculé. En effet, 40 % des jeunes interrogés indiquent ne pas faire du tout de sport. Ils n’étaient que 27 % en 2022. La tendance est également marquée dans la pratique régulière (plus de trois fois par semaine) d’une activité physique ou sportive. Elle concerne 61 % des jeunes en 2025, contre 73 % en 2022. Cette baisse touche davantage les filles (56 %) que les garçons (66 %).
Pour lutter contre l’inactivité, bien souvent à l’origine des addictions et de la délinquance, la province Sud veut "faire connaître davantage Click & Mouv'", un dispositif mettant à disposition des jeunes âgés de 5 à 17 ans un porte-monnaie électronique de 15 000 francs à dépenser dans une activité sportive ou culturelle. D’autre part, "on travaille à rendre nos plateaux sportifs plus accessibles aux associations, pour qu’elles puissent s’en servir en dehors des heures d’ouverture des établissements scolaires", annonce Gil Brial.
L’étude abordait également la question de la santé. S’ils sont 85 % à se sentir en bonne santé physique, c’est toutefois plus préoccupant du côté de la santé mentale. 63 % des jeunes interrogés angoissent lorsqu’ils pensent à leur avenir, et 30 % ont même déjà pensé à se faire du mal. Des chiffres proches de ceux obtenus en 2022, qui confirment un mal-être important chez les jeunes. Plus alarmant encore : leur solitude s’accroît. Ils sont 71 % à se débrouiller seuls face à leurs émotions. Une tendance qui se vérifie surtout chez les garçons. Enfin, 50 % des 14-15 ans avouent avoir du mal à contrôler leur colère, un facteur souvent associé à une plus grande consommation d’alcool et de cannabis.
En 2025, un élève sur deux a été victime de violences au cours de l’année. C’est moins qu’en 2022, où ils étaient 57 %. D’une manière générale, toutes les formes de violence ont diminué. Les victimes de violences verbales passent de 46 % en 2022 à 42 % en 2025, celles de violences physiques représentent 23 % des jeunes, soit six points de moins qu’en 2022, et 19 % d’entre eux ont été victimes de violences sur les réseaux sociaux (contre 22 % en 2022). Seules les violences sexuelles stagnent : 6 % des jeunes interrogés disent en avoir été victimes en 2025.

D’autre part, les filles sont surreprésentées parmi les victimes de violences (56 %), tandis que les garçons sont plus nombreux à en être les auteurs (48 % d’entre eux ont commis des actes de violences en 2025, contre 38 % des filles). La délinquance baisse également : 42 % des 14-15 ans indiquent avoir commis un acte de délinquance au cours de l’année, ils étaient 45 % en 2022.
Autre motif de satisfaction : en trois ans, le nombre d’élèves qui déclarent avoir séché les cours durant les trente derniers jours a fortement diminué. Ils sont 78 % à n’avoir manqué aucune demi-journée en 2025, contre 63 % en 2022, et seulement 6 % à avoir manqué cinq demi-journées et plus, soit une baisse de six points en trois ans. Mieux encore : le risque de décrochage scolaire, qui équivaut à plus de dix demi-journées séchées en un mois, est passé de 5 % à 3 % des élèves de 3e.