
L’arrangement, qui a été validé par le groupe régional auquel l’Australie et la Turquie appartiennent et doit encore être entériné par l’ensemble des nations réunies à Belem pour la Cop 30, est hautement inhabituel mais met un terme à l’embarrassant bras de fer entre les deux gouvernements.
La Cop 31 prendra place, du 9 au 20 novembre 2026, en Turquie, à Antalya, station balnéaire de la côte méditerranéenne. L’Australie sera "présidente des négociations" et aura un vice-président, tandis que le titre formel de président de la Cop 31 reviendra à la Turquie.
L’île Continent organisera aussi la conférence pré-COP, traditionnellement plus technique que la Cop que Canberra voulait impliquer dès le départ afin de focaliser l’attention sur les États insulaires menacés par l’élévation de l’océan.
Mais la grande "Cop du Pacifique" initialement prévue n’aura donc pas lieu.
"Les pays du Pacifique devraient sérieusement repenser leur relation avec l’Australie", a déclaré jeudi à l’AFP Bikenibeu Paeniu [1], ex-Premier ministre de l’archipel des Tuvalu, déjà en partie submergé par la montée des eaux. Mais "pour nous, c’est bien mieux que de ne rien avoir du tout", tempère Ralph Regenvanu, ministre du Climat de Vanuatu, à Belem.
Ce sera la première Cop en Turquie. Le pays a ratifié son adhésion à l’accord de Paris sur le climat fin 2021. Les analystes jugent sévèrement ses engagements climatiques. Elle s’est engagée à la neutralité carbone d’ici 2053, trois ans après les pays européens, mais sa feuille de route actuelle est jugée "insuffisante de façon critique" par Climate Action Tracker.
Le pays ne prévoit pas de baisse des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2035, seulement une croissance plus faible de ces émissions par rapport à la trajectoire actuelle.
Les conférences climatiques de l’ONU sont organisées à tour de rôle parmi cinq blocs régionaux qui doivent désigner par consensus en leur sein le pays hôte, ce qui a déjà occasionné des bras de fer, mais rarement aussi intenses que celui-ci.
Pour cette année, le Brésil avait été choisi au nom des États d’Amérique latine et des Caraïbes. La Cop avait déjà désigné l’Éthiopie pour l’Afrique en 2027. Mais les blocages persistaient pour 2026, au sein du groupe "Europe de l’ouest et aux autres États", qui comprend les pays européens, la Turquie, l’Australie, le Canada, les États-Unis et la Nouvelle-Zélande.
L’Australie avait le soutien d’une grande majorité des pays du groupe mais la Turquie refusait de s’avouer vaincue. Selon les règles des Cop, le consensus était indispensable. Si aucun pays ne cédait, la Cop 31 aurait par défaut pris place en Allemagne, où se situe le siège de l’ONU Climat.