
Voilà qui ne devrait pas restaurer la confiance des Calédoniens envers leurs élus. Dans un communiqué diffusé ce jeudi 27 novembre, le procureur de la République Yves Dupas annonce qu’une enquête préliminaire a été ouverte le 12 août du chef de détournement de fonds publics visant certains élus du territoire. Elle fait suite à un signalement auprès du parquet pour des frais de déplacement apparaissant "particulièrement élevés" lors de missions de responsables politiques à Paris.
Elle concerne en premier lieu le membre du gouvernement Mickaël Forrest. Il ressort de l’enquête que ce dernier a, lors d’une mission réalisée entre le 6 et le 17 avril 2023 à Paris, dépensé plus d’un million de francs pour des déplacements dans la capitale et vers l’aéroport Roissy-CDG. Cette facture, émanant de la société parisienne de transport automobile, a été réglée le 30 juin 2023 par la Maison de la Nouvelle-Calédonie à titre d’avance de frais pour le compte du gouvernement. Ce dernier a toutefois refusé de prendre en charge cette dépense, jugée non conforme au règlement.
Lors de son audition, Mickaël Forrest, toujours en charge du sport, de la jeunesse et de la culture au sein du 18e gouvernement, a reconnu que "cette pratique, qui ne respecte pas le règlement, est courante dans notre administration", indique le parquet. Il s’est néanmoins engagé à ce que cette situation ne se renouvelle plus. Le parquet a orienté cette procédure vers un classement sans suite, sous condition de versement par Mickaël Forrest d’une contribution citoyenne d’un montant de 150 000 francs au profit d’une association d’aide aux victimes.
L’enquête concerne également un second élu, dont le procureur tait le nom, pour une dépense de transport d’un montant de 410 000 francs lors d'une mission de six jours à Paris. Les investigations sont toujours en cours.
Cet épisode judiciaire fait écho au récent rapport de la Chambre territoriale des comptes sur les frais de déplacements des élus calédoniens. [1] L’institution avait pointé leur mauvaise maîtrise, recommandant davantage de transparence. Ces dépenses représentaient, entre 2019 et 2024, 534 millions de francs par an.