
En Indonésie ainsi qu’en Malaisie voisine et en Thaïlande, les mêmes images de villes inondées, de populations piégées par les eaux et de glissements de terrain provoqués par le déluge qui s’est abattu pendant plusieurs jours.
Sur l’île indonésienne de Sumatra (ouest), les inondations et les glissements de terrain ont fait au moins 174 morts et 80 disparus, a déclaré Suharyanto, chef de l’Agence nationale de gestion des catastrophes. Il a prévenu que le bilan pourrait encore s’alourdir, "car des zones sont encore inaccessibles, et il pourrait y avoir des victimes". "Notre priorité reste l’évacuation et l’assistance. Nous espérons que le temps va s’améliorer pour pouvoir envoyer un hélicoptère sur place", a indiqué de son côté Ferry Walintukan, porte-parole de la police de Sumatra nord, alors que de nombreux accès routiers sont coupés. À Sumatra ouest, Misniati, âgée de 53 ans, a raconté une lutte terrifiante contre la montée des eaux pour rejoindre son mari à la maison. "J’ai vu que la rue était inondée. J’ai essayé de revenir jusque chez moi pour prévenir mon mari, mais l’eau m’arrivait déjà à la taille", a-t-elle confié à l’AFP. Elle a dû lutter contre le courant qui menaçait de l’emporter et est arrivée chez elle alors que l’eau lui arrivait à la poitrine.
En Thaïlande, le Sud est le plus touché, "le nombre total de décès dans les provinces du Sud s’élève à 145", a déclaré vendredi après-midi Siripong Angkasakulkiat, porte-parole du gouvernement, précisant que plus de 100 personnes avaient trouvé la mort dans la seule province de Songkhla, où la principale morgue recevant les corps des victimes des inondations est saturée, a déclaré vendredi un représentant de l’hôpital local. "La morgue a dépassé sa capacité, nous avons donc besoin de plus", a déclaré à l’AFP Charn, un responsable de la morgue qui n’a donné que son prénom.
Jeudi, des habitants ont décrit une montée rapide des eaux, contraignant les habitants de Hat Yai à s’agripper aux toits en attendant d’être secourus par bateau. Le propriétaire d’un magasin, Rachane Remsringam, a indiqué que son magasin de marchandises générales, Madam Yong, avait été pillé et vandalisé par des victimes des inondations. "De nombreux produits de cuisine et denrées alimentaires ont été volés, notamment du sucre et du lait", a-t-il déclaré à l’AFP, ajoutant que les dégâts s’élevaient à plusieurs centaines de milliers de dollars. Le gouvernement a annoncé vendredi la suspension du chef du district de Hat Yai, accusé d’avoir échoué à répondre de façon adéquate aux inondations.
En Malaisie, les inondations qui ont submergé de vastes zones du nord de l’État de Perlis ont fait deux morts. "Les climatologues ont déjà averti que les phénomènes météorologiques extrêmes continueront de s’aggraver à mesure que les températures augmenteront", a expliqué Renard Siew, conseiller en matière de changement climatique auprès du Centre d’études sur la gouvernance et les sciences politiques en Malaisie. "C’est exactement ce à quoi nous assistons."
Dans la région, le Sri Lanka est également très fortement touché par les inondations et les glissements de terrain, qui ont fait plus de 120 morts.
L’Indonésie et les autres pays d’Asie du Sud-Est sont sujets aux inondations et aux glissements de terrain pendant la saison des pluies, généralement de novembre à avril. Mais les pluies de mousson ont été aggravées par une tempête tropicale qui a balayé la région. Le changement climatique a également accru l’intensité des tempêtes, accompagnées de précipitations plus abondantes, de crues soudaines et de rafales plus violentes. Un climat plus chaud retient davantage d’humidité, engendrant des épisodes de pluie plus intenses, tandis que des océans plus chauds peuvent amplifier la force des systèmes orageux.