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L’Association française des maires rattrapée par les divisions politiques
Baptiste Gouret | Crée le 10.12.2025 à 15h54 | Mis à jour le 10.12.2025 à 15h54

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Pascal Vittori (en haut à gauche), maire de Boulouparis et président de l’AFM, Yoann Lecourieux (en bas à gauche), maire de Dumbéa et Patrick Robelin (à droite), maire de Bourail. Photomontage LNC
Depuis quelques mois, deux lignes politiques s’opposent au sein de l’Association française des maires, qui représente dix communes non-indépendantistes. Les tensions ont poussé le maire de Bourail, Patrick Robelin, à quitter l’association, quand d’autres municipalités refusent de verser leurs cotisations. Son président, Pascal Vittori, assure vouloir représenter toutes les communes membres et réfute l’idée d’une orientation politique de l’AFM. Explications.

Longtemps épargnée par le morcellement du paysage politique calédonien, l’Association française des maires est rattrapée par les divergences qui traversent le mouvement non-indépendantiste. Porte-voix des intérêts de dix communes non-indépendantistes (lire par ailleurs), dont les quatre de l’agglomération, elle connaît depuis plusieurs mois des tensions en interne, nées peu de temps après le renouvellement de Pascal Vittori, maire de Boulouparis, à la tête de l’AFM en avril.

"On ne se sent plus défendus", critique Patrick Robelin, maire de Bourail. L’élu reproche notamment la récente "politisation" de l’association. La réélection de Pascal Vittori – qui assure son deuxième mandat -, par ailleurs président du mouvement Tous Calédoniens, se serait traduite, selon lui, par l’adoption d’une ligne calquée sur celle de la coalition Loyalistes-Rassemblement, dont le maire de Boulouparis est proche, au détriment des intérêts des collectivités membres. "L’AFM ne représente plus les communes, mais un parti", abonde Yoann Lecourieux, maire de Dumbéa.

"Décisions concertées"

Le point de rupture a été atteint à la suite de la participation de Pascal Vittori aux discussions sur l’accord de Bougival. Sa présence au sein de la délégation Rassemblement a été mal accueillie par une partie des maires de l’AFM. "Il est censé être le représentant des maires, il ne devrait pas prendre une telle orientation politique", estime Patrick Robelin. Car si le groupe Rassemblement, emmenée par Virginie Ruffenach et Alcide Ponga, soutient le texte signé le 12 juillet, ce compromis ne fait pas l’unanimité parmi les maires que l’AFM est supposée représenter. "Je suis plus Deva que Bougival", admet Patrick Robelin, en référence au projet de "souveraineté avec la France" [1] soutenu en mai par Manuel Valls, finalement abandonné à la suite de son rejet par la coalition Loyalistes-Rassemblement [2].


Pascal Vittori a participé aux discussions sur l’accord de Bougival. Photo DR

Dans la foulée de cet épisode, le maire de Bourail a fait parvenir un courrier aux membres du bureau de l’AFM pour annoncer qu’il quittait l’association, faisant également valoir des considérations financières, la commune n’étant plus en capacité de payer sa cotisation annuelle (environ un million de francs). "J’ai toujours tout fait pour représenter l’ensemble des communes", dément Pascal Vittori. Le président de l’AFM réfute l’idée d’une politisation de l’Association française des maires, qui a toujours su fonctionner malgré la diversité des étiquettes politiques de ses membres. "Toutes nos décisions sont concertées", poursuit le maire de Boulouparis.

Reste que le climat dégradé a des conséquences réelles sur le fonctionnement de l’AFM. Les considérations politiques ont entraîné, aux yeux de certains membres, une aseptisation des débats. "Désormais tout est édulcoré, on a volontairement mis de côté les sujets qui fâchent", s’agace Yoann Lecourieux, qui évoque des "ordres du jour vides d’intérêt" et une "dynamique cassée". Résultat : "aux assemblées mensuelles, sur dix maires, il y en a quatre ou cinq qui participent", affirme le maire de Dumbéa, qui n’y a plus pris part "depuis un an". "Toutes les communes y participent systématiquement", corrige Pascal Vittori, admettant toutefois qu’une partie des maires se font représenter.

Les municipales en toile de fond

La situation pèse aussi sur les finances de l’association. Outre la perte de la cotisation versée par Bourail, l’AFM est privé d’une partie de son budget (22,3 millions en 2025) en raison du refus de certaines communes de s’acquitter de leur contribution. "Je n’ai rien payé en 2025", avoue Yoann Lecourieux, dont la commune verse chaque année "entre 3 et 4 millions" à l’AFM. "On n’a pas les sous", justifie le maire de la deuxième commune du pays, admettant à demi-mot que sa décision n’aurait pas été différente en cas de bonne santé financière de la collectivité.

Selon nos informations, d’autres communes auraient décidé de ne rien verser cette année, agacées par les divisions politiques. "Les communes ont jusqu’à la fin de l’année pour payer leurs cotisations", relativise Pascal Vittori, qui précise qu’une lettre de rappel a été envoyée à celles qui ne l’ont pas encore fait, sans dévoiler la liste. Au 1er janvier, les mauvais payeurs seront automatiquement exclus de l’AFM.

En toile de fond, l’approche des élections municipales ne devrait rien arranger aux tensions existantes. Leurs résultats et la constitution d’un nouveau bureau pourraient toutefois permettre aux élus de repartir sur de nouvelles bases. "Je pense qu’il y a moyen de faire quelque chose, peut-être en travaillant à la création d’une seule association", par la fusion de l’AFM et de l’Association des maires de Nouvelle-Calédonie (à tendance indépendantiste), propose Yoann Lecourieux. "Tout cela va bouger avec les municipales", pense également Pascal Vittori.

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