
Le 8 décembre 2023, Pascal Jacob signait, avec le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, la charte Romain Jacob, du nom de son fils. Ce document, existant depuis 2014 et signé par 21 pays, vise à améliorer l’accès aux soins pour les personnes en situation de handicap. Deux ans plus tard, Naïa Wateou, membre du gouvernement en charge du secteur, a réuni au Médipôle une quarantaine de personnes issues des milieux du handicap pour faire le point, vendredi 12 décembre.
À la suite de la signature de cette charte, le Médipôle a mis en place le comité Handisoin, un guichet qui permet une prise en charge rapide et adaptée aux personnes en situation de handicap. Il se décline en trois grands axes. La mobilité, avec l’accès aux soins par la création de plusieurs places de parking pour les personnes à mobilité réduite, des lève-personnes pour réaliser des radios ou des examens médicaux spécifiques. La coordination des soins, avec un regroupement des rendez-vous médicaux si nécessaire, une adaptation des horaires, des visites blanches pour les personnes atteintes de troubles autistiques qui auraient besoin d’une reconnaissance des lieux avant d’effectuer une réelle consultation… Et la décentralisation, ou le "aller vers", en délocalisant les consultations. En un an de fonctionnement, le comité Handisoin semble répondre aux attentes des foyers et associations qui œuvrent dans le domaine du handicap.
Si, au Médipôle, un travail a déjà été mené, les piliers de la charte Romain Jacob (voir encadré) doivent être appliqués partout pour éviter toute rupture de soins. Cette réunion avec le monde associatif et les professionnels du secteur du handicap avait pour but de trouver des pistes d’amélioration. "Dans le contexte actuel, où nous n’avons pas forcément le personnel à disposition, l’objectif est de recruter et faire venir des personnes pour qu’elles puissent exercer dans les meilleures conditions possibles, explique Naïa Wateou. À côté de ça, on doit aussi faire avec ces nouvelles réalités qui s’offrent à nous, notamment en termes d’innovation. On parle beaucoup de télémédecine, de diagnostic à distance. Ça fait partie des enjeux sur lesquels nous devons travailler."
Selon les derniers chiffres disponibles datant de 2019, 10 011 personnes sont reconnues en situation de handicap en Nouvelle-Calédonie, selon la direction des Affaires sanitaires et sociales dans un rapport de la Cour des comptes publié en mai 2023. Un chiffre qui ne reflète pas la réalité, tant le parcours de reconnaissance du handicap pour les démarches administratives et de santé reste complexe. La charte Romain Jacob devrait également permettre d’obtenir une estimation plus réaliste. "Au fur et à mesure que nous communiquons et que nous adaptons nos dispositifs, nous voyons des personnes qui viennent se signaler, des personnes en situation de handicap, mais qui n’ont pas entrepris les démarches en matière de reconnaissance."
Le gouvernement porte aussi le projet d’un "guichet unique", au travers de la Maison calédonienne de l’autonomie, qui regroupera "information, communication, accompagnement à destination des personnes en situation de handicap, et qui fera le lien avec les professionnels de santé en termes de coordination d’action", détaille la membre du gouvernement. Un projet encore dans les cartons. Guichet unique, charte Romain Jacob… autant d’actions qui permettent une meilleure reconnaissance et une prise en charge plus adaptée du handicap, et qui pourraient aider à rationaliser les coûts liés à la perte d’autonomie, "qui coûte 11 milliards de francs à la Nouvelle-Calédonie. Il faut pouvoir continuer cet accompagnement, préserver l’humain, mais rationaliser les moyens pour faire en sorte que l’on puisse continuer à les accompagner."
Les principes fondamentaux de la charte sont : égalité d’accès, accessibilité, personnalisation des parcours, formation des professionnels, information claire, implication des aidants, respect de la dignité, continuité du parcours de vie, adaptation systémique des organisations, coordination interprofessionnelle, qualité de l’accueil, évaluation continue.