
Née à Nouméa, Juliette Collet a passé son enfance entre la tribu et les îles avant de partir en France à huit ans. Son père, moniteur d'escalade, de plongée et de voile, l'emmène "pratiquer" chaque week-end : "j'ai grandi au grand air". De cette éducation, elle garde le goût de l'effort et une relation simple à l'image. "La beauté, je n'y connaissais rien : à la présélection, ma trousse contenait deux produits, et je n'avais jamais porté de talons avant les entraînements", sourit-elle.
Après le lycée, direction Marseille, où elle valide une licence de biologie marine, puis un master en gestion des risques naturels et technologiques. Revenue au pays pour un stage à l'Observatoire de l'environnement (ŒIL), elle se heurte au fameux "premier emploi" : "on demande de l'expérience à ceux qui débutent." Elle multiplie alors les missions : nageur-sauveteur dans les piscines municipales, puis animatrice à NC La 1ère. "La radio m'a désinhibée : parler vrai, donner la parole."
C'est à ce moment-là que le comité Miss Nouvelle-Calédonie repère son profil sur Instagram, [1] où elle poste des vidéos de sport. D'abord, elle rit : "Miss, jamais de la vie !" Puis la curiosité l'emporte : réunion d'information, premiers entraînements, week-ends de répétitions, trois mois d'un travail choral qui soude les candidates. Du soir de l'élection, elle retient surtout la sororité. "Le moment le plus fort, c'est quand je me suis retrouvée en top 2 avec Lila." Après l'annonce, les micros, les flashes, puis le calme : "je me revois, robe blanche, au Méridien, la salle se vide… Une soirée qui change une vie."
Son élection tombe au moment idéal : ses convictions environnementales trouvent soudain un micro. Elle soutient la Croix-Rouge sur la sensibilisation aux risques et a donné son accord pour devenir ambassadrice du Lagon. "Officiel ou pas, je parlerai du lagon. Il faut éduquer la jeunesse, mais aussi les adultes : les habitudes sont dures à changer." Sa double appartenance n'est plus un dilemme mais une force. "Je suis métisse - kanak et provençale. Longtemps, j'ai cherché où me ranger. Aujourd'hui, c'est une richesse : plusieurs cultures, c'est apprendre plus tôt à s'adapter."

Voyages, musiques et lectures nourrissent sa vision du monde : "Les pays méconnus m'attirent : on n'attend rien, alors on découvre vraiment." Elle cite Bob Marley - " chez ma mère, pas une bonne journée sans lui " -, Beyoncé, une phrase du Petit Prince ("Demander de l'aide, ce n'est pas abandonner") et le livre qui a orienté son engagement environnemental, La Vie secrète des arbres. Son modèle féminin ? "Joséphine Baker : une femme incroyable, engagée dans la résistance et dans l'égalité."
Miss n'est pas, pour elle, un costume à paillettes, mais un levier. "Je veux rassembler." Sa feuille de route tient en quatre mots : jeunesse, lagon, éducation, unité. Dans les prochains mois, on la verra dans des classes, sur le sable ou au bord des bassins, là où on parle écogestes et avenir du pays. "Ici, on est proches de la nature. On a beaucoup à protéger et à partager." Juliette a remporté le titre de première dauphine lors de l'élection de Miss France 2026, samedi 6 décembre au Zénith d'Amiens.
Retrouvez le numéro 7 du magazine L Calédonie, paru en décembre, dans de nombreux points de vente, et sur la page Facebook L Calédonie magazine. [2]