Pour certains, la promesse d’argent facile leur a fait tourner la tête. Pour d’autres, leur crédulité a brouillé leur jugement. Le résultat reste le même : en devenant ce que les enquêteurs appellent dans leur jargon des « mules financières », des Calédoniens ont récemment permis à la cybercriminalité d’étendre ses tentacules dans le pays et de toucher un maximum de victimes. Interrogés par les enquêteurs de la Section de recherches de la gendarmerie, ils s’exposent à des poursuites judiciaires pour complicité d’escroquerie. La gendarmerie lance un message d’avertissement et de prudence aux Calédoniens car le pays est une cible de choix des arnaques sur internet et, ces derniers temps, elles ont tendance à exploser.
Une commission à 5 %
Malgré les appels aux internautes à redoubler de vigilance, de nombreux Calédoniens se font encore berner par le phishing (ou hameçonnage), cette technique utilisée par les pirates informatiques qui se font passer pour une banque, par exemple, afin de récolter les données personnelles et bancaires des victimes. BNC, BCI, OPT, Société Générale… Aucun établissement bancaire n’est épargné. Les hackers, basés en Afrique, en Israël ou en Indonésie, envoient ensuite l’argent récolté frauduleusement sur des comptes bancaires… de « mules financières ». Démarchés par mails par des entreprises, réelles ou fictives qui souhaitent recruter des représentants en Calédonie contre une rémunération plus qu’avantageuse, ces petites mains de la criminalité organisée sont chargées de transférer ces fonds aux pirates, via différents comptes bancaires et dans plusieurs pays. Pour appâter ces « mules », les escrocs promettent une commission de 5 % à chaque virement. Un boulot qui permet de gagner beaucoup d’argent en quelques clics, mais qui peut aussi coûter cher.
Des rappels pas inutiles
Une vingtaine de victimes ont été récemment identifiées sur le Caillou. Et de nombreuses autres ont été évitées. Au total, le préjudice s’élève à près de 50 millions de francs. « Si vous recevez des e-mails suspects, il ne faut ni répondre ni cliquer sur le lien. Il faut se renseigner auprès de sa banque. Et si on vous propose un contrat pour représenter une société et faire des virements, il ne faut pas accepter », résume Jacques Le Dorze, commandant de la Section de recherches de la gendarmerie de Nouméa. L’enquête s’annonce forcément complexe, les hackers étant redoutables dans l’art de la dissimulation.
Le phishing, une attaque redoutable
Le phishing ou hameçonnage est « l’un des principaux vecteurs de la cybercriminalité », d’après l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information, dont l’objectif est de récupérer des coordonnées bancaires afin de dérober de l’argent. « La Calédonie est la cible d’arnaques.
Et ce n’est pas près de s’arrêter. Les e-mails frauduleux vont être de plus en plus sophistiqués », expliquait Laurent Rivaton, gérant d’Art Informatique, interrogé en juin dernier.
Quelques chiffres
Les dommages causés par l’hameçonnage ont représenté un milliard de francs l’an dernier. Près de 50 % des utilisateurs ont avoué avoir cliqué sur des liens frauduleux par simple curiosité. D’ici 2022, 6 milliards d’attaques sont prévues.
Contenus illicites
La plateforme Pharos (internet-signalement.gouv.fr) permet de signaler en ligne les contenus et les comportements illicites sur internet (pédophilie, arnaque…).