
«Il n'y a pratiquement pas de dégâts matériels, toute la partie Sud est circulable. » Si le ton était à l'apaisement, ce mercredi soir, du côté de la mairie de Dumbéa, la journée n'a pas été de tout repos. Habituelles sur cette commune baignée par les cours d'eau, les inondations, ou plutôt leur rapidité, ont surpris les Dumbéens dès le petit matin.

« L'eau nous a réveillés et le toit de la douche s'est envolé », raconte Irène, une habitante du squat des Gaïacs, venue se réfugier avec sa famille à la salle omnisports d'Auteuil. « On a appelé les pompiers qui nous ont dit d'aller attendre au bord de la route. La police est venue nous chercher. C'est la première fois en 20 ans qu'on quitte la maison pendant un cyclone. »

Ouvert par la ville dès mardi soir, le centre a accueilli une vingtaine de personnes, surtout des habitants des squats (Gaïacs, Péage, Tonghoué), mais aussi des gens de passage bloqués comme Naouna-Lucie, récupérée par une infirmière devant le lycée du Grand Nouméa, et même des patients du Médipôle ne pouvant être ramenés chez eux.
Deuxième adjointe au maire, Reine Chenot tient la permanence cyclone depuis plusieurs années. Selon elle, le nombre de personnes accueillies est en hausse, tout comme les zones inondées. « Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas vu ça à Dumbéa », pointait Jean-Claude Saïd, élu présent à ses côtés avec la conseillère Madeleine Pakaina.

Nouveauté, deux personnes de la Caisse des écoles les accompagnaient. Habitants des Khogis depuis plus de trente ans, Sébastien, Ariane, et Jean-Claude sont venus observer les inondations avant le déclenchement de l'alerte 2, hier midi, à l'école Higginson. « On n'avait pas vu ça depuis 88, mais à l'époque l'eau était carrément montée jusqu'au premier étage », relativise le couple. Ce ressenti, de nombreux Dumbéens en ont fait part toute la journée via d'impressionnantes photos et vidéos prises depuis leur domicile.

Parmi eux, Marie-Laure Ukeiwë, adjointe à Dumbéa, qui s'est retrouvée piégée à Nondoué [1], avec sa mère et ses deux enfants. « A 5 heures, je suis descendue faire le biberon, les volets étaient fermés. A 6 heures, mon voisin m'a appelé en me disant que les gens évacuaient. C'est arrivé très vite [...] L'eau a encerclé notre maison, qui est heureusement sur pilotis. On ne savait pas que notre terrain était dans le lit de la rivière. » Rez-de-chaussée, véhicules, tout ce qui se trouve au sol disparaît sous les flots.

« Je n'avais pas vu ça depuis le cyclone Beti. J'étais au collège. » Privée d'électricité, la famille, qui n'a pu être évacuée pour des raisons de sécurité, a reçu une gazinière grâce à deux nageurs sauveteurs de la Sécurité Civile. L'adjointe n'a pas pu rejoindre le centre d'hébergement de Katiramona (Nord), dont elle devait s'occuper. 38 personnes y avaient, eux, trouvé refuge hier à 17 heures.
