"Nous disons à l’État que rien ne se fera sans nous, les Kanak, et nous défendrons coûte que coûte notre pays." Le message adressé "jusqu’en France" était clair, ce mercredi matin, devant le Congrès. Alors que les élus du boulevard Vauban s’apprêtent à rendre un avis sur le report des élections provinciales d’ici le 15 décembre 2024 (ce qui doit permettre le dégel du corps électoral), la CCAT a décidé d’organiser une mobilisation toute la journée devant l’institution pour faire entendre sa voix et rappeler son opposition à toute tentative de "passage en force" de l’État.
Pour ce collectif d’indépendantistes (qui réunit notamment des représentants du Parti travailliste, de l’UC, de l’USTKE et de la Dus), il est tout bonnement "inadmissible" d’ouvrir le droit de vote aux habitants qui justifient d’au moins dix ans de résidence sur le Caillou, ce qui représenterait près de 25 000 personnes (soit une hausse de 14 % du nombre d’électeurs). "En France, cela reviendrait à ouvrir du jour au lendemain le droit de vote à entre 6 et 7 millions d’étrangers. Qui accepterait ça ?" lance, au nom de l’USTKE et du Parti travailliste, Victor Wejieme.
C’est pourquoi la CCAT estime "qu’il y a danger" à accepter le report de ce scrutin et s’adresse à l’ensemble des "politiciens" du Congrès, tous bords confondus. "Ne faites pas un plan qui détruit nos acquis bâtis dans la paix. Les élus ne vont donner qu’un avis aujourd’hui, sauf qu’on a très bien compris la stratégie de l’État et de Macron ; diviser au maximum le peuple pour mieux régner et imposer sa posture, avertit Dominique Fochi pour l'Union calédonienne. Il ne faut pas détricoter l’accord de Nouméa qui n’est pas fini et qui est le plancher pour nous emmener à l’indépendance et à la pleine souveraineté."
De son côté, la confédération nationale des travailleurs du Pacifique, craint qu’un tel dégel du corps électoral n’enterre l’emploi local et l’accès à la formation pour les Calédoniens. "Malgré les lois actuelles, qui ont le mérite d’exister, il y a encore beaucoup de difficultés pour les faire appliquer, notamment dans les postes à responsabilité. Or avec le déverrouillage de ce corps électoral, cela va devenir catastrophique", assure Henri Wedoï.
Si la CCAT se dit prête à ouvrir ce scrutin aux natifs (soit 12 000 personnes), elle confirme donc sa plus ferme opposition contre le projet de l’État, qu’elle espère encore "raisonner" et rappelle qu’un accord politique ne se fera que sur "la capacité des uns et des autres à se responsabiliser et à porter les intérêts supérieurs".
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