Les mots n’ont pas changé dans la bouche des responsables de l’Union calédonienne : "passage en force", "forme de mépris", "provocation de l’État"… Mais les réponses, elles, se veulent désormais plus fermes. "Nous ne laisserons plus les choses se faire, on va s’organiser et on va se mobiliser à tous les niveaux", avertit Gilbert Tyuienon, premier vice-président de l’UC.
Trois jours après un comité directeur, organisé samedi 17 février à la maison commune de la tribu de Médouya de Houaïlou, devant plus de 300 militants, le mouvement a décidé d’intensifier son opposition aux "méthodes employées par l’État". En ligne de mire : le projet de réforme constitutionnelle visant à modifier le corps électoral pour les prochaines provinciales. "Malgré nos échanges, l’État avance sans tenir compte des responsables calédoniens et du peuple premier, poursuit Gilbert Tyuinenon. Les éléments apportés par l’Union calédonienne lors des réunions bilatérales n’ont même pas été pris en compte."
Quant aux discussions menées avec les formations non-indépendantistes, l’UC note la "fragilité de l’espace" dans lequel elles se tiennent, perturbé par "le passage en force de l’État sur le corps électoral" et "la communication parfois agressive des parties prenantes", dénonce Dominique Fochi, secrétaire général. Le parti exige alors du gouvernement français le "retrait de son projet de loi constitutionnelle". À défaut, "l’Union calédonienne s’organisera en conséquence pour faire échec au projet de l’État de dégeler le corps électoral". Cela passera en premier lieu par une mobilisation, organisée par la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), ce mercredi matin sur la place du Mwâ Kââ, en marge de la triple visite ministérielle [1]. L’occasion de "dire stop" à la "fuite en avant du gouvernement Macron", lance Christian Tein, responsable de la cellule. "Il faut que Darmanin arrête de jouer avec le feu, car il manipule une poudrière. L’État est en train d’emprunter le mauvais chemin." La CCAT se mobilisera de nouveau à Koné, vendredi 23 février.
Si les responsables de l’Union calédonienne ont décidé de ne participer à aucune réunion avec Gérald Darmanin, une délégation de "jeunes indépendantistes" a toutefois été constituée pour rencontrer le ministre de l’Intérieur et "exprimer leur ressenti sur la réforme constitutionnelle et le danger qu’elle représente pour leur avenir", expose Gilbert Tyuienon.