Alors que Nouvelle-Calédonie tourisme (NCT) vient de dévoiler les "bons chiffres" du nombre de visiteurs en 2023 sur le Caillou, [1]les professionnels du secteur planchent sur deux nouvelles taxes. Le but : percevoir des recettes supplémentaires afin d’abonder les budgets alloués à la promotion de la destination à l’international (dont le montant s’est élevé à 350 millions de francs l’an passé).
Pour ce faire, une nouvelle contribution devrait être demandée à chaque croisiériste à bord des paquebots qui font escale sur le Caillou. Ce tarif se chiffrerait entre 1 000 et 1 500 francs par passager (qu’il débarque ou non du navire) et serait dégressif dès la deuxième escale dans le pays (probablement 50 % de ce montant).
Déjà adopté par le gouvernement, ce texte doit encore être examiné et voté en séance par les élus du Congrès. C’est pourquoi NCT espère que cette taxe entrera en vigueur avant la fin de l’année.
Lors de l’examen de ce texte, le gouvernement avait indiqué que si cette taxe était appliquée au nombre de croisiéristes ayant fait escale sur le Caillou entre 2017 et 2019, avec des prix fixés à 1 500 francs en tarif plein et 1 000 francs en tarif réduit, elle aurait rapporté entre 961 millions et 1,3 milliard de francs par an. Et ce, sachant que la fréquentation de ces visiteurs a été similaire en 2023 à celles enregistrées avant la pandémie.
"Nous sommes à la traîne sur ce sujet pour lequel nous n’inventons rien, précise Julie Laronde, directrice de NCT, assurant que cette taxe ne sera pas un frein à la fréquentation des croisiéristes. La Nouvelle-Calédonie reste une escale incontournable pour les paquebots depuis Sydney, et cette taxation des passagers est un phénomène mondial qui s’applique également chez certains de nos voisins comme la Polynésie française. "
Une stratégie qui entre dans la réforme globale de la fiscalité adoptée fin 2021 par le gouvernement, juge bon de préciser Mickaël Forrest. "Cela implique plusieurs sujets spécifiques liés au financement de la promotion du tourisme international, à travers la taxe sur les croisières ou encore le projet de taxe pour les Airbnb, actuellement travaillé avec les directions des services fiscaux et des douanes, précise le président de NCT. Elles doivent contribuer à consolider le développement de cette filière importante dans le pays, notamment à l’heure où la crise nickel bouscule l’économie du pays. Nous devons créer les conditions afin que le tourisme puisse continuer à être un secteur porteur pour l’ensemble des enfants du pays dans le futur."
Pour ce faire, l’exécutif et les professionnels de la filière planchent donc également sur un meilleur encadrement des locations touristiques de meublés, via les plateformes en ligne, Airbnb en tête.
Si ce texte n’a encore été présenté ni au gouvernement ni au Congrès, le principe est simple. Il s’agirait de prélever un pourcentage (dont le montant n’est pas arrêté) du prix de la nuitée qui serait ainsi perçu par la Direction des services fiscaux.
"Aujourd’hui, cette activité n’est ni régulée, ni réglementée en Nouvelle-Calédonie, au contraire de la France par exemple, ce qui induit une perte fiscale pour le pays. Et c’est une concurrence déloyale par rapport à l’hôtellerie qui, elle, paie des charges, etc., analyse Julie Laronde. Nous proposons un enregistrement obligatoire auprès de la Direction des services fiscaux, avec délivrance d’un numéro qui sera demandé pour pouvoir commercialiser son bien sur ces grandes plateformes de location. L’objectif étant de pallier un vide juridique tout en finançant la promotion du tourisme international pour alléger les finances des collectivités puisque ces plateformes bénéficient des retombées du travail de notoriété et de communication que nous effectuons tout au long de l’année."
Si les potentielles recettes de ce projet de taxe n’ont pas encore été rendues publiques, NCT estime à près de 850 le nombre d'"hôtes actifs" calédoniens répertoriés rien que sur Airbnb.