Si les mots "sont pesés", ils n’en sont pas moins radicaux au sujet du projet de réforme constitutionnelle, qui comprend le dégel du corps électoral, acté ce mardi 2 avril au Sénat. [1] "Ces 233 parlementaires (qui ont voté pour) ont décidé de tuer le peuple kanak et la citoyenneté calédonienne au sens de l’accord de Nouméa. C’est un projet d’extermination programmée pour faire en sorte que les Kanak deviennent comme le peuple aborigène. Et c’est ce message que nous passerons à notre base", assène Arnaud Chollet-Leakava, porte-parole du MOI (Mouvement des Océaniens indépendantistes) et membre de la cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), qui a réuni la presse, ce jeudi 4 avril. Le but : tirer le bilan de "la très belle mobilisation de plusieurs dizaines de milliers de personnes" qui ont marché, mardi, dans les rues de Nouméa [2] et annoncer les prochaines actions, avec d’ores et déjà l’annonce d’une nouvelle manifestation.
Le mouvement donne rendez-vous, le samedi 13 avril prochain, sur la place de la Paix. Car la CCAT continuera autant qu’il le faut d’exprimer son opposition farouche à la volonté de l’État de dégeler le corps électoral aux prochaines élections provinciales.
"Ce projet qui nous est imposé va à l’encontre des dispositions internationales qui stipulent de ne pas entraver, par l’immigration massive, le droit à l’émancipation de la Nouvelle-Calédonie, martèle Dominique Fochi, représentant de l’UC. Au Sénat, les élus parlent d’exigence démocratique. Mais maintenir la colonie de peuplement en Kanaky, est-ce une exigence démocratique ? On ne peut pas, aujourd’hui, continuer à rendre minoritaire le peuple premier dans son propre pays et laisser des parlementaires qui ne vivent pas ici décider de notre avenir."
Pour les membres de la cellule, il faut "se sortir de la tête" toute idée de dégel du corps électoral et d’organisation, dans ces conditions, d’élections provinciales d’ici décembre prochain.
"Après une telle mobilisation, ce vote au Sénat est une gifle terrible envers le peuple kanak. Forcément, la CCAT va devoir intégrer les discussions (sur l’avenir institutionnel), mais tant que ce dégel est enclenché, c’est impossible, insiste Christian Téin, porte-parole de la cellule, qui avertit la population et les élus, jusque dans l’Hexagone. Je ne sais pas ce que sera la fin de cet épisode mais si on continue à pousser, on ira dans le mur. Le bordel, tout monde sait le faire, l’orchestrer, etc. Mais l’arrêter, c’est autre chose. Backès et l’État nous emmènent sur un terrain glissant, et à un moment donné, on prendra aussi nos dispositions."
En d'autres termes, la "seule alternative" envisagée par ces militants est le retrait pur et simple de cette réforme constitutionnelle pour donner de réelles possibilités de trouver un accord entre élus calédoniens.
D’ici là, les membres de la CCAT invitent donc tous leurs sympathisants à se réunir le 13 avril prochain, place de la Paix, "pour démontrer que cette poignée de main à Jacques Lafleur a encore de la valeur" mais surtout pour "dire" à l’État "qu’on les emmerdera jusqu’au bout, pacifiquement."
Une date qui coïncidera également avec la marche que comptent organiser les membres des Loyalistes et du Rassemblement, dont ils dévoileront les contours à la presse, ce vendredi 5 avril.
Links
[1] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/politique/le-senat-adopte-la-reforme-constitutionnelle-et-le-degel-du-corps-electoral
[2] https://www.lnc.nc/article/grand-noumea/noumea/politique/en-images-des-milliers-de-personnes-marchent-contre-le-degel-du-corps-electoral
[3] https://www.lnc.nc/user/password
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