
Le lycée du Mont-Dore [1] est resté fermé "longtemps", rappelle Maxime Jeandel, directeur, lors de son intervention d’accueil de la délégation menée par Alcide Ponga, président, Isabelle Champmoreau, membre du gouvernement en charge de l’éducation, et Didier Vin-Datich, vice-recteur, mardi 18 février. Un temps pendant lequel l’établissement a joué un rôle. D’accueil, d’abord, pour certains élèves bloqués dont les parents ne pouvaient pas venir les chercher. Et de ressource, rappelle Eddy Lecourieux, le maire de la commune. "Le directeur a ouvert les frigos, et les denrées alimentaires ont servi dans le quartier et aux Ehpad. Nous avons fait office de chauffeur. Nous avons un peu occulté cette partie-là." Heureusement, les locaux n’ont pas été touchés par les exactions.

Lors de la réouverture, mi-juillet 2024, un bon nombre d’élèves manquaient à l’appel, "parce qu’ils ne pouvaient pas venir ou pas facilement, que ce soit du Mont-Dore Sud ou d’autres secteurs parce qu’il n’y avait plus de transport scolaire", explique Maxime Jeandel. La reprise s’est effectuée avec environ 30 % des effectifs, pour retrouver un taux de 70 à 80 % selon les filières à la fin de l’année. Certains ont décroché. D’autres devaient faire la queue au wharf, prendre une navette et marcher deux kilomètres pour atteindre les salles de classe.
Les enseignants ont assuré à la fois en présentiel et à distance, témoigne Soazic Prevost, professeure en filière agricole. "J’ai beaucoup de jeunes qui étaient sur les barrages, alors il a fallu reprendre contact avec eux. Nous avons vite recommencé à mettre du travail sur Pronote et essayé d’envoyer des documents là où se trouvaient les élèves, via les collectivités, les médiathèques. Et un travail incroyable a été réalisé à la maison des communautés."
Professeure de biotechnologie en terminale l’an dernier, Mathilde Pereira a su inciter ses élèves à reprendre le chemin de l’école. "Nous avions un groupe Messenger et j’ai essayé de mettre en place des plateformes de travail comme Discorde, faire des visioconférences sur zoom. Dès que le lycée a rouvert, j’ai réussi à les faire revenir. C’était le plus important. On a bien vu, pendant le Covid, que la continuité pédagogique était très compliquée, surtout avec la fracture numérique." Et les lycéens n’ont pas démérité au bac. "On entend que c’est un bac poubelle, qu’on leur a donné. Ce n’est pas le cas, assure cette habitante du Vallon-Dore. À partir du moment où ils se sont remobilisés, ils avaient la rage de vaincre. Ils ont eu un diplôme comme les années précédentes, et il y a eu de très jolis taux de réussite."

La rentrée 2025 a donc été particulièrement préparée. Les professeurs sont sur le terrain depuis une dizaine de jours et, fait inhabituel, les élèves ont participé à des activités pédagogiques la semaine précédant le 17 février. Et un focus va être mis sur la cohésion. Et l’année commence, pour l’instant, sous de meilleurs auspices, malgré la crainte de Mathilde Pereira. "Mon appréhension portait sur les élèves qu’on allait recevoir, potentiellement sur les barrages, auteurs de délits, n’ayant pas suivi leur scolarité normalement, etc." Pour l’instant, tout se passe bien. "Les secondes de ma classe ont une bonne posture." "Je n’ai pas senti de différence hier [lundi, NDLR], ajoute Soazic Prevost. On va rester vigilants, on va les accompagner. On repart sur d’autres bases". Et dans "une ambiance plutôt sereine", précise Maxime Jeandel. Ce qui était déjà le cas l’an dernier lors de la reprise en juillet. "L’établissement est resté malgré tout ce qu’il s’est passé un havre de paix."

C'est le nombre de jeunes qui ont fait leur rentrée lundi 17 février au lycée du Mont-Dore. Soit un peu moins que l'an dernier, malgré l'accueil d'une nouvelle filière accompagnement soin et service à la personne de Petro-Attiti [2], à Rivière-Salée, détruit pendant les émeutes, qui représente une quarantaine d'élèves. "Nous étions 800 l'an dernier, indique Maxime Jeandel, le directeur. Là, on commence à 783. Certains sont partis sur Nouméa, d'autres en Métropole ou en Polynésie." La communauté éducative compte 135 personnels dont 93 enseignants. Le lycée, ouvert en 2017, propose des filières générale, technologique, industrielle, agricole, hygiène environnement, etc.
Links
[1] https://www.lnc.nc/article/grand-noumea/mont-dore/education/le-dispositif-educatif-pour-les-eleves-du-secondaire-du-sud-du-mont-dore-presente-et-formalise
[2] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/grand-noumea/noumea/riviere-salee/enseignement/faits-divers/le-lycee-petro-attiti-de-riviere-salee-ne-rouvrira-pas-en-2025
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