
Quelque 18,1 millions d’électeurs australiens sont appelés à choisir les députés de la prochaine législature de la Chambre et renouveler environ la moitié du Sénat. L’élection voit s’affronter le camp de M. Albanese, un travailliste de centre gauche, à celui du conservateur Peter Dutton. Ces deux acteurs de longue date de la vie parlementaire nationale sont issus des classes populaires, une particularité sur la scène politique australienne.
M. Albanese, 62 ans, a grandi dans un petit logement social de Sydney, élevé par une mère célibataire atteinte de la polyarthrite rhumatoïde et dont, adolescent, il a été l’aidant. Parlementaire depuis 1996, il est devenu chef du gouvernement en 2022. Âgé de 54 ans, M. Dutton est quant à lui fils de maçon. Il a grandi dans la banlieue de Brisbane (côte est) et, après avoir abandonné ses études universitaires ou encore travaillé dans une boucherie, il a rejoint la police locale. Il a été détective pour la brigade des stupéfiants avant de devenir membre de la Chambre des représentants en 2001.
Bien que l’Australie renferme parmi les plus importantes réserves d’uranium de la planète, elle interdit la production d’énergie nucléaire depuis 1998. Peter Dutton souhaite revenir sur cette interdiction [1] et doter son pays de centrales nucléaires. Sceptique quant aux énergies renouvelables, il considère que l’atome constitue la seule manière souhaitable de réduire les émissions de gaz à effet de serre sur le long terme. Anthony Albanese a quant à lui fait injecter de l’argent public dans le solaire et l’éolien, s’engageant à faire du pays océanien une superpuissance dans le domaine des énergies renouvelables.
La mise en place de droits de douane de 10 % sur les marchandises australiennes importées aux États-Unis joue, semble-t-il, un rôle dans la courte avance du camp du Premier ministre sortant sur celui de son adversaire conservateur dans les sondages d’opinion. Certains montrent un affaiblissement du soutien à M. Dutton qui, au début de l’année, avait vu en Donald Trump un "grand penseur" faisant montre de "sérieux" sur la scène mondiale. "Si je devais me battre avec Donald Trump ou n’importe quel autre dirigeant pour défendre les intérêts de notre nation, je le ferais en un éclair", a toutefois déclaré M. Dutton en avril, témoignant d’un changement de ton.
Le chef du gouvernement travailliste a, lui, condamné les surtaxes américaines, y voyant un acte d'"autodestruction économique" qui ne peut être celui d'"un ami". "(M. Trump) a des opinions différentes, des valeurs différentes (des nôtres)", a déclaré M. Albanese lors d’un débat télévisé, disant soutenir "le commerce libre et équitable".
La vie politique australienne a longtemps été dominée par le Parti travailliste (centre gauche) d’Albanese et le parti libéral (droite) de Dutton. Mais le désintérêt croissant des électeurs pour ces deux formations a enhardi des partis indépendants appelant à une plus grande transparence et à davantage de mesures face au changement climatique.
Le Parti travailliste dispose d’une courte avance sur le Parti libéral dans les sondages.
Reste à savoir si la formation en tête, quelle que soit sa couleur, décrochera une majorité, sans quoi elle sera obligée de composer avec des députés d’autres horizons, chose rare dans l’histoire politique australienne.
Les élections au niveau fédéral occasionnent des taux de participation parmi les plus élevés au monde, habituellement autour de 90 %, à la faveur du vote obligatoire en vigueur depuis 1924. Quiconque refuse de prendre part aux élections s’expose à une amende d’environ 11 euros. Seulement 18 autres pays appliquent le vote obligatoire, parfois uniquement dans une partie de leur territoire, selon la commission électorale australienne.
Pour la Chambre basse, les électeurs classent les candidats par ordre de préférence, là où le Sénat s’appuie sur la représentation proportionnelle. En guise de récompense et à des fins caritatives, des saucisses sont proposées aux électeurs de plus d’un millier de bureaux de vote venus exprimer leur voix.