
Premier centre commercial de Nouvelle-Calédonie, exemple de développement économique des 30 dernières années, situé au carrefour de l’agglomération… Parce qu’il réunissait toutes ces caractéristiques, et qu’il a été réduit en cendres en quelques heures, le complexe Kenu-In, à l’entrée de Dumbéa, est devenu un symbole des émeutes qui ont frappé le pays en mai 2024.
Pillé puis incendié dès les premiers jours de la crise, le centre commercial est devenu un lieu de visite quasi-incontournable pour les responsables politiques venus de l’Hexagone. Manuel Valls, ministre des Outre-mer, y avait rencontré les acteurs économiques pour son premier déplacement [1], en février. Plus tôt, Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, et Gérard Larcher, président du Sénat, s’étaient installés devant les décombres, en novembre [2], pour écouter les doléances des représentants des chambres consulaires et du patronat. Marine Le Pen n’a pas dérogé à l’exercice. La présidente du groupe Rassemblement national à l’Assemblée, en déplacement en Nouvelle-Calédonie depuis mardi 27 mai, s’est rendue devant les 34 000 m2 de surface commerciale noircie par les flammes, jeudi 29 mai.

Contrairement aux visiteurs qui l’ont précédée, Marine Le Pen n’a pas eu l’occasion d’y pénétrer, le bâtiment faisant l’objet d’une vaste opération de désamiantage en vue de sa démolition, prévue à partir de lundi. Une visite éclair, qui ne l'a pas empêchée de faire le constat d’un "immense gâchis", devant l’exposé de Michaël Dib, directeur général de Carrefour.
"C’était le plus grand centre commercial du pays, ça s’est passé en deux jours, on n’a pas pu faire grand-chose pour le défendre, les forces de l’ordre étaient débordées", a relaté le chef d’entreprise, avant d’en lister les conséquences : "600 emplois perdus, 14 milliards de dégâts… Vous avez devant vous 30 ans de développement détruit en deux jours."

Désormais, le combat est lancé contre l’assurance. "On nous rembourse que sept milliards", déplore Michaël Dib, opposé "aux termes du contrat". Un contentieux qui "freine énormément la reprise". Sans pour autant l’enrayer totalement. "La volonté de reconstruire reste forte, mais le calendrier, c’est l’assurance qui l’a." Autre blocage, pour le directeur de Carrefour : l’administration, qui entraverait la liberté d’entreprendre et la relance économique. Un sujet pour lequel il a trouvé un soutien immédiat chez son interlocutrice du jour. Accompagnée de Louis Alliot, premier vice-président du RN, d’André Rougé et de Christophe Bay, députés européens, Marine Le Pen a fustigé une "complexité administrative" élaborée par ceux qui "sont les premiers à vous demander de la contourner" pour accélérer les choses.
La séquence aura duré moins de vingt minutes. Avant de quitter les lieux, la cheffe de file du Rassemblement national a pris le temps de glisser quelques vers, tirés d’un poème de Rudyard Kipling, à Michaël Dib : "Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie, et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir".

Links
[1] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/grand-noumea/dumbea/economie/politique/manuel-valls-a-l-ecoute-du-monde-economique
[2] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/economie/devant-les-decombres-de-kenu-in-le-duo-parlementaire-promet-des-reponses-rapides-au-monde-economique
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