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    Nouvelle Calédonie
  • Julien Mazzoni | Crée le 23.02.2025 à 15h34 | Mis à jour le 26.03.2025 à 15h37
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    David Guyenne, président de la CCI, a évoqué les dificultés du monde économique auprès du ministre des Outre-mer, Manuel Valls, au milieu des ruines du centre Kenu-In. Photo Julien Mazzoni
    Pour son deuxième jour de visite, ce dimanche 23 février, Manuel Valls s'est d'abord rendu à la brigade de gendarmerie de Saint-Michel, au Mont-Dore, avant d'ouvrir une séquence importante de son séjour : la rencontre des acteurs économiques. Le ministre des Outre-mer a découvert les ruines du centre commercial Kenu-In, où il a pris la mesure de la détresse des commerçants.

    Devant les ruines du centre commercial Kenu-in, ravagé durant les émeutes de mai 2024, Jenny, 68 ans, attend l'arrivée de Manuel Valls. Comme tous les commerçants installés dans la galerie du centre commercial de 34 000 m2, elle a tout perdu lorsque son salon de coiffure est parti en fumée. "Ça fait vingt-cinq ans que j'ai mon salon ici. On se retrouve avec plus rien, mon gérant est en dépression, je ne peux plus payer mes employées. J'aimerais qu'on me dise comment je m'en sors", se désole la cheffe d'entreprise.

    Un discours qui a "fendu le cœur" du ministre des Outre-mer, au deuxième jour de sa visite en Calédonie pour tenter de relancer la confiance, l'économie et les discussions politiques.

    Après s'être rendu en début de matinée à la caserne de gendarmerie de Saint-Michel, au Mont-Dore, et avoir vu notamment à Saint-Louis l'église de la tribu incendiée le 16 juillet dernier, c'est une nouvelle scène de désolation qui l'attendait au centre commercial de Dumbéa. "L'action de l’État est d'abord une action de sécurité, avec le travail de la justice qui nécessite du temps, et puis évidemment le soutien économique, c'est l'autre objet qui va démontrer notre engagement. Contrairement à ce que j'entends dire, la France ne laisse pas tomber la Nouvelle-Calédonie", a déclaré d'emblée Manuel Valls, qui voulait rassurer ses interlocuteurs.


    Manuel Valls en discussion avec Yoann Lecourieux, maire de Dumbéa, et Laurent Vircondelet, président de la Fédération du commerce, au milieu de la galerie du Kenu-In dévastée. Photo Julien Mazzoni

    "Un concentré de toutes les problématiques actuelles et des défis futurs"

    Parmi eux, David Guyenne, le président de la Chambre de commerce et d'industrie, fait part de la volonté des entrepreneurs de rebondir mais rappelle que sans l'aide de l'Etat, ce sera mission impossible : "Vous avez ici un concentré de toutes les problématiques actuelles et des défis futurs. On se projette sur la reconstruction et pour ça on a besoin de s'assurer que si demain il se passe encore des troubles, l'Etat sera à nos cotés, parce que les assurances ne le sont plus."

    "Seuls 30% du montant global de 930 millions d'euros que doivent verser les assurances ont été versés, affirme Laurent Vircondelet, président de la Fédération du commerce. Ceux qui n'ont pas touché l'argent sont encore en négociation. C'est terrible pour eux de négocier avec leurs assurances pour réclamer leur bien. C'est long et les pertes d'exploitation commencent dans trois mois."

    Un sujet – sensible – des assurances auquel Manuel Valls a répondu fermement : "Je sais que le Premier ministre, François Bayrou, veut prendre à bras le corps le dossier de la réaction du monde des assurances, dans l'Hexagone comme dans les outre-mer. Ce monde là n'est pas à la hauteur de ce que vous vivez. Il faut que tous les acteurs jouent le jeu, banques et assurances comprises. Chacun doit être placé devant ses responsabilités."


    L'intérieur du centre commercial Kenu-In est un champ de ruines. Photo Julien Mazzoni

    "Rassurer les Calédoniens"

    Indemnisation et réassurance après construction, mais aussi incitations fiscales et défiscalisation sont au centre des doléances des acteurs économiques. "Les outils financiers mis en place au tout début de la crise ne sont plus du tout adaptés et ne permettent pas de préparer la reconstruction, prévient David Guyenne. Il y a aussi toutes les entreprises qui n'ont pas été brulées, et c'est la majorité du tissu économique, mais qui n'ont plus d'activité. Des fonds de réserve ont été décidés pour aider les collectivités, nous souhaitons qu'une partie de ces fonds soient fléchés pour soutenir directement les entreprises, notamment sur le report d'échéances fiscales, sociales et bancaires."

    Mais pour ça, rappelle le locataire de la rue Oudinot, "il faut un accord politique. Parce que si l'avenir est incertain, il n'y a pas d’investissement possible et l'angoisse, la peur et la confrontation domineront. Je suis aussi venu dire que l'Etat est en soutien du monde économique. C’était le sens du forum tenu il y a quelques semaines à Bercy et nous allons poursuivre sur cette voie pour la reconstruction. Et s'il faut modifier des outils, notamment tout ce qui est défiscalisation, pour aller plus loin, nous le ferons", a promis Manuel Valls.

    Ces aides de l'Etat prendront-elle la forme de prêts ou de subventions ? "C'est une discussion à avoir, répond le ministre. Demain [lundi soir, NDLR] je rencontre le monde économique et j'aurai l'occasion de faire un certain nombre d'annonces. Je dirai aussi ce qu'il en est du chômage partiel et de la reconstruction des bâtiments publics. J'ai pris des engagements à Paris il y a quelques semaines, ces engagements seront tenus", a-t-il conclu.

    Des annonces ce lundi

    Des propos qui ont rassuré quelque peu Sonia Backès, la présidente de la province Sud qui attend néanmoins du concret : "Ça fait plusieurs mois qu'on nous a annoncé l'argent pour la reconstruction publique mais cet argent n'est toujours pas disponible. Il y a des gens qui ont la volonté de reconstruire il faut qu'ils puissent le faire."

    "Le ministre nous a assurés qu'il ferait des annonces demain, donc on attend mais la posture est plutôt encourageante", admet David Guyenne. Ces annonces devraient être dévoilées après un échange avec l'ensemble des acteurs économiques, au haussariat, demain, lundi 23 février, à 19 h 30.

    Ce dimanche, Manuel Valls poursuit son périple. Il se rend cet après-midi à Moindou, où il visitera une exploitation agricole, puis à Boulouparis où il découvrira la ferme photovoltaïque et ses 43 000 panneaux solaires. Il se rendra ensuite dans le Nord mardi, avant d'entrer dans "le dur" de sa mission, mercredi, où les négociations politiques débuteront au Congrès.

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