
Basé sur les données scientifiques existantes et enrichi de témoignages locaux, le document du Réseau Action climat dresse un panorama des menaces qui pèsent sur les onze territoires d’outre-mer habités de France, dont la Nouvelle-Calédonie. Ce rapport met notamment en garde contre une hausse de 13 % des cyclones les plus violents (catégories 4 et 5) dans un scénario de réchauffement climatique à + 2 °C, à l’image de Chido qui a frappé Mayotte en décembre et fait au moins 40 morts.
Autres signaux d’alerte : l’élévation rapide du niveau de la mer, la disparition accélérée des récifs coralliens – 70 % sont déjà dégradés en Guadeloupe -, "des sécheresses plus fréquentes, longues et intenses" ou encore "le recul du trait de côte qui va engloutir des pans de territoires", Ouvéa et les Tuamotu en Polynésie française étant parmi les îles les plus menacées. "Ces impacts ont des répercussions en chaîne" et "mettent en danger les vies humaines, les écosystèmes et les tissus économiques locaux", prévient le document. "Cette vulnérabilité est certes liée à des facteurs géographiques, mais surtout à des fragilités structurelles ", commente Benjamin Crettenand, auteur du rapport, notant que plusieurs régions ultramarines "sont en situation de précarité avec […] une dépendance à l’État", compliquant leur adaptation.
Ces risques frappent en outre des territoires déjà marqués par de fortes inégalités. À Mayotte, 77 % de la population vit sous le seuil de pauvreté national, selon l’Insee. Le taux atteint 53 % en Guyane et 42 % à La Réunion. L’accès à l’eau potable illustre cette vulnérabilité. En Guadeloupe, le mètre cube coûte 6,52 euros (777,50 francs), un record national. Dans plusieurs territoires, jusqu’à 63 % de l’eau est perdue à cause de réseaux vétustes. "L’adaptation n’est plus une option, mais une nécessité urgente", insiste l’organisation, qui demande "des moyens financiers à la hauteur des enjeux" et des "politiques climatiques pensées à l’échelle locale".
À l’approche de la COP30 en novembre à Belém, au Brésil, le Réseau Action Climat appelle aussi à une meilleure représentation des Outre-mer dans les négociations. "Aujourd’hui, il n’y a pas de système mis en place pour assurer la représentation des territoires d’outre-mer dans la délégation française. Ce serait bien d’avoir des représentants par territoire pour apporter leur expertise et leur regard ", estime Benjamin Crettenand.
Si le Caillou est clairement moins mis en lumière que de nombreux autres territoires, il est néanmoins cité à quelques reprises sur plusieurs thématiques.
Le document rappelle par exemple que le niveau d’élévation de la mer est d’environ 3 mm par an dans la région. L’une des conséquences de ce phénomène concerne l’érosion, qui touche la plupart des régions ultramarines, mais plus particulièrement celles du Pacifique et donc du pays, où 71 % des côtes sont exposées à ce risque et près de la moitié du littoral à l’aléa de submersion marine.
Dans ce contexte, certaines îles habitées risquent d’être partiellement ou totalement submergées sous l’effet combiné de l’élévation du niveau de la mer, de l’érosion chronique du trait de côte, de l’intensification des cyclones et de la dégradation des écosystèmes. Ce risque est particulièrement élevé pour Ouvéa, exemple souvent mis en avant pour illustrer les conséquences du réchauffement climatique en Nouvelle-Calédonie. Mais le rapport cite également l’archipel des Tuamotu, en Polynésie française, qui abrite près de 17 000 habitants sur 76 atolls dont l’altitude maximale ne dépasse pas 5 à 6 mètres.
Autre facteur d’inquiétude : la perte de la faune, de la flore et des habitats d’une manière générale, sanctuaires de biodiversité souvent endémiques. Ainsi, Réseau Action Climat rappelle qu’en Nouvelle-Calédonie, les forêts ont peu à peu été remplacées par des savanes qui couvrent désormais 40 % de l’archipel en raison de l’activité humaine, dont la mine, et des incendies.
Du côté des bonnes nouvelles, les récifs et les coraux les mieux conservés et donc les moins exposés aux pressions anthropiques de l’Outre-mer, se situent principalement en Polynésie française et en Nouvelle-Calédonie. Si les mangroves ont des "états contrastés" à l’échelle ultramarine, ces écosystèmes sont considérés comme "relativement bons" en Guyane, à Wallis et sur une grande partie de la Nouvelle-Calédonie, en dehors de Nouméa, où les activités humaines ont bouleversé et dégradé le milieu originel.