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    Nouvelle Calédonie
  • Anthony Tejero | Crée le 18.04.2024 à 16h11 | Mis à jour le 18.04.2024 à 16h45
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    Le mercredi 3 février 2021, la dépression tropicale Lucas a ravagé la plage de l’Anse-Vata, dont l’érosion a poussé la mairie à totalement réaménager la baie. Photo Anthony Tejero
    Alors que les températures de l’air et de la mer sont de plus en plus élevées et que les phénomènes d’érosion et de submersion, déjà palpables dans le pays, sont appelés à s’accentuer, le gouvernement a lancé, ce jeudi 18 avril, à Dumbéa, le premier Forum calédonien du changement climatique. Objectif : réunir institutions, chercheurs et associations pour dresser un état des lieux des connaissances et ainsi établir une stratégie commune en vue de faire face et mieux s’adapter à ces dérèglements. Explications.

    Que sait-on de ce phénomène sur le Caillou ?

    Si la question du réchauffement climatique fait désormais consensus au niveau mondial, de nombreux scientifiques se penchent plus spécifiquement sur le sujet en Nouvelle-Calédonie, où les experts disposent de plus en plus de données en la matière. Des chiffres qui sont pour le moins alarmants.

    Ainsi, en cinquante ans, la température moyenne annuelle de l’air a augmenté de 1,1 °C et la température de la mer en surface affiche par exemple une hausse de + 0,6 °C à Nouméa par rapport à 1960.

    "Ce phénomène se traduit par des épisodes massifs de blanchissement du corail dont le premier a été observé dans le lagon en 2016, rappelle Alexandre Peltier, climatologue chez Météo France, qui alerte sur un emballement croissant du thermomètre. 2022 a été l’année la plus chaude jamais observée en Nouvelle-Calédonie qui connaît des épisodes de fortes chaleurs estivales de plus en plus réguliers et intenses, dont le plus fort à Nouméa a été relevé en 2024."

    Par ailleurs, du côté de la pluviométrie, très variable selon les années sous le signe de La Niña ou d’El Niño, une donnée ressort : les mois de juin sont de plus en plus secs (15 mm d’eau sont en moyenne perdus tous les dix ans à cette période), ce qui a notamment des incidences sur les pâturages.

    Comment le climat pourrait-il évoluer ?

    Difficile de prédire avec exactitude l’évolution des effets du changement climatique. Ceci dit, si l’on suit les projections du Giec (le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), la température pourrait encore augmenter de +3 à +4 °C à l’horizon 2100 si aucune politique globale d’atténuation (et donc de réduction des émissions de gaz à effet de serre) n’est mise en place. Et dans l’hypothèse où une "politique vertueuse" planétaire serait en vigueur, le mercure continuerait de grimper, mais de façon moins spectaculaire, soit une hausse estimée entre +1,2 °C et +1,5 °C d’ici la fin du siècle.

    Ces projections sont mondiales, faute de données plus précises et fiables pour l’Océanie. Sauf qu’un nouveau projet, intitulé Clipssa, est en cours pour étudier plus finement la manière dont pourrait évoluer le climat (température et précipitations) sur les territoires insulaires du Pacifique Sud. Les premiers résultats de ce projet sont attendus d’ici juillet prochain.

    À quoi faut-il s’attendre sur les littoraux ?

    Du côté de l’océan, les nouvelles ne sont pas bonnes non plus. Dans notre région, le niveau de la mer s’est élevé de 5 à 6 cm en soixante ans. Une tendance appelée à s’accentuer à l’avenir, et donc à suivre de près puisque la moitié du littoral calédonien (49 %) est soumise au risque de submersion marine et que 71 % des côtes sont quant à elles exposées au phénomène d’érosion.

    "Le littoral évolue constamment et c’est pour ça que le sujet est complexe. Pour autant, on sait qu’il évolue principalement à cause de facteurs naturels qui sont contrôlés par le climat. Ce changement climatique vient donc jouer les "trouble-fêtes" dans cette dynamique naturelle et on peut s’attendre à une intensification de l’érosion et des submersions marines, expose Myriam Vendé-Leclerc, coordinatrice de l’observatoire du littoral. Par ailleurs, les projections indiquent qu’il devrait y avoir davantage de précipitations pendant les cyclones, ce qui va augmenter le débit des rivières et les inondations, notamment dans les plaines alluviales et cela perturbera également la dynamique côtière."

    Quel est l’objectif du Forum calédonien du changement climatique ?

    Face à ce constat alarmant, le gouvernement a donc décidé d’organiser, ce jeudi 18 avril, à Dumbéa, le premier Forum calédonien du changement climatique. Un rendez-vous qui met autour de la table l’ensemble des institutions (provinces, communes, État, etc.), les scientifiques et le monde associatif, le temps de discours et d’ateliers, dont la synthèse permettra à l’exécutif d’établir une feuille de route pour tenter de s’adapter au mieux à ces dérèglements climatiques.


    Dans son discours d’ouverture du forum, Jérémie Katidjo-Monnier a rappelé que les "menaces concrètes" du changement climatique "nous touchent déjà". Photo A.T.

    "Il s’agit de partager, durant toute une journée, l’expertise que l’on a localement de la situation, qui est de grande qualité mais qui doit être mieux connue, afin ensuite de pouvoir construire ensemble, chacun dans ses compétences, un plan d’action pour avancer tous dans la même direction et se préparer à ces changements, résume Jérémie Katidjo-Monnier, membre du gouvernement en charge du plan d’atténuation et d’adaptation au changement climatique. Aujourd’hui, c’est une première étape afin que ce futur plan puisse être revu régulièrement. L’idée, c’est de mettre en place une gouvernance avec un comité calédonien du changement climatique qui permettra de rassembler l’ensemble des institutions et des acteurs afin de réviser ce plan."

    La synthèse des travaux de ce forum devrait être restituée et communiquée d’ici le mois de juin.

    Pourquoi est-il "urgent" de s’emparer du sujet ?

    Ce Forum sur le changement climatique ne doit rien au hasard. Outre les savoirs scientifiques, les conséquences sont déjà concrètes dans le pays. À Ouvéa, le littoral recule dangereusement dans le secteur de Saint-Joseph et des tombes du cimetière de Mouli sont en passe de s’effondrer ; une habitation a déjà été détruite sur la plage à Touho où, comme à Ponérihouen, les premiers déplacements de population, "particulièrement longs et complexes" sur foncier coutumier, sont à l’étude. Quelques exemples parmi tant d’autres.


    Le cimetière de la tribu de Mouli, au sud d'Ouvéa, commence à s’effondrer en raison de l’érosion du littoral. Photo Anthony Tejero

    C’est pourquoi Jérémie Katidjo-Monnier a ouvert ce forum avec un "profond sentiment d’urgence", estimant que les institutions "doivent aller plus loin" dans la prise en compte, et surtout l’anticipation de ces risques. "Nous sommes conscients des défis qui nous attendent et nous sommes convaincus de notre capacité collective à les surmonter afin de bâtir un avenir plus sûr et durable pour les générations futures."

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