
La société canadienne The Metals Company (TMC) – spécialisée dans l’exploration et le développement de métaux critiques provenant des fonds marins – a déboursé environ un million de dollars (101 millions de francs) pour que l’organisme australien pour la recherche scientifique, le CSIRO, examine des données récoltées dans l’océan Pacifique.
Car TMC cherche à exploiter les immenses étendues des fonds marins de l’océan Pacifique [1] – elle aurait déjà réalisé des tests en 2022 -, qui sont couvertes de nodules polymétalliques, sortes de galets plus ou moins riches en manganèse, cobalt, cuivre ou nickel. Fin avril, la compagnie créait la surprise en sollicitant auprès de Washington, via sa filiale américaine, le premier permis d’extraction minière commerciale dans les eaux internationales, contournant ainsi l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), compétente en la matière, mais dont les États-Unis ne sont pas membres. La zone de Clarion-Clipperton, une vaste plaine abyssale d’environ quatre millions de kilomètres carrés située entre le Mexique et Hawaï, l’intéresse particulièrement et TMC ambitionne de démarrer son projet d’ici deux ans.
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Les sociétés d’exploitation minière n’ont pas encore trouvé le meilleur moyen de récupérer les nodules qui se trouvent à cinq kilomètres ou plus de profondeur. Leurs efforts se concentrent sur des machines de récolte robotisées qui aspirent les nodules en parcourant le fond de l’océan. Mais, l’étude indique que des espèces telles que les concombres de mer, les vers marins, les étoiles de mer et les crustacés pourraient connaître "des déclins significatifs" en termes de population en raison de ces pratiques.

"Sur le fond marin, nos recherches montrent qu’il y a des impacts locaux substantiels provenant de différentes opérations minières", a déclaré, jeudi 3 juillet, le scientifique Piers Dunstan lors d’une conférence. Les poissons prédateurs pourraient voir des métaux toxiques commencer à s’accumuler dans leur organisme après une exposition prolongée aux panaches de sédiments rejetés par l’excavation. "L’espadon et les grands requins ont accumulé les plus fortes concentrations simulées de métaux", ont noté les scientifiques dans leur rapport. "Ce projet aide à garantir que, si l’exploitation minière en haute mer devait aller de l’avant, il existe une approche claire pour comprendre les risques et impacts potentiels sur la vie marine et les écosystèmes", a déclaré Piers Dunstan.
Tina Soliman-Hunter, professeure de l’Université Macquarie en Australie, a expliqué qu’il s’agissait à ce jour de l’une des études "les plus complètes" sur l’exploitation minière en haute mer. "Sans de telles recherches, il existe un risque de dommages liés aux activités minières pouvant persister sur des générations", a-t-elle souligné.
Impulsée par WWF, une coalition d’entreprises pour stopper l’exploitation minière des fonds marins s’est lancée en 2021 et 64 entreprises l’ont rejointe. Des institutions financières comme la Deutsche Bank, Credit Suisse (UBS), le Crédit Agricole ou la Banque européenne d’investissement ont aussi indiqué qu’elles ne financeraient pas cette activité.
Links
[1] https://www.lnc.nc/article/pacifique/mines/un-mega-projet-d-exploitation-miniere-en-eaux-profondes-dans-le-pacifique-d-ici-2026
[2] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/environnement/sciences/le-congres-vote-un-moratoire-contre-l-exploitation-et-l-exploration-des-fonds-marins-pendant-50-ans
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