
Quatre mois après la rixe qui a éclaté au 1881, où plusieurs centaines de jeunes se sont affrontés sur fond d’alcool [1], les autorités tentent d’apporter une réponse pour éviter que de tels débordements et violences ne se banalisent. Le haut-commissariat, la province Sud et la ville de Nouméa ont lancé, ce mercredi 23 juillet, un nouveau dispositif : la "charte de la vie nocturne". Ce document engage les propriétaires et gérants de débits de boissons (bars, discothèques, etc.) à mettre en œuvre une série de "bonnes pratiques" pour essayer d’enrayer les consommations massives. "Il ne s’agit pas de se tromper de cible. Les clients sont bien les premiers responsables de leurs comportements. Néanmoins, les exploitants peuvent également agir", estime le haussaire Jacques Billant.
L’objectif de ce texte est de créer un environnement favorable pour Sonia Backès. "On veut que les gens qui savent faire la fête normalement ne soient pas pollués par les 5 à 10 % de la population qui veulent la faire violemment", précise la présidente de la Maison bleue, bien consciente que cette charte n’est "qu’un simple maillon d’une chaîne plus importante" à mettre en place, face à la "catastrophe collective" que représente l’alcool. Ce breuvage "contribue fortement à la violence" en Nouvelle-Calédonie, où près de 80 % des délits (cambriolages, violences…) sont notamment commis en état d’ivresse.
"Ces consommations excessives ont été également abordées à Paris, car on a un problème de fond ici, c’est qu’on ne sait pas boire et on boit à l’excès parfois jusqu’à tomber par terre, martèle la cheffe de la Maison bleue, qui invite les autorités à "être créatives" dans les solutions à trouver pour freiner ce fléau. Sonia Backès se dit d’ailleurs tout à fait favorable à un projet auquel elle réfléchit de longue date : l’instauration d’un fichier pour interdire à certaines personnes condamnées, notamment pour des faits de délinquance et de violences, d’acheter de l’alcool. "C’est un peu comme lorsqu’un tribunal assortit à une peine une interdiction de porter une arme. Aujourd’hui, ce n’est pas encore possible constitutionnellement, mais c’est ce que je continue de préconiser, car on doit sortir des sentiers battus et innover sur ce sujet. On ne peut pas que copier-coller ce qui se fait ailleurs parce que ça ne marche pas."

Toujours est-il, cette charte, qui n’engage que ses signataires et n’a donc aucun caractère obligatoire pour les professionnels du monde de la nuit, "ne résoudra pas tous les problèmes nocturnes, même si elle peut y contribuer", du moins "si chacun joue le jeu". À commencer par l’un des piliers du secteur : Jean-Pierre Cuenet. Le président du syndicat des hôteliers-restaurateurs a accepté de s’engager, ce mercredi, au nom des établissements dont il est propriétaire.

