
Le conflit qui oppose les agences de voyage à Aircalin depuis décembre 2024 pourrait enfin avoir trouvé une issue. C’est ce que semble indiquer une décision de l’Autorité de la concurrence publiée le 31 juillet 2025.
À l’origine de la discorde, une décision de la compagnie aérienne de modifier ses pratiques de vente de billet qui supprimait notamment la commission de 5 % revenant aux agences de voyag [1]e. Une mesure qui avait provoqué la colère de Vaéa Frogier, présidente du Syndicat des agences de voyage, qui considérait que "pour qu’un marché continue à fonctionner de façon normale, avec zéro commission, il y a deux critères importants : le volume et la concurrence."
Et selon l’Autorité de la concurrence, saisie en décembre 2024 par les agents de voyage, "l’existence de préoccupations de concurrence" existait bel et bien.
Selon elle, le nouveau modèle de rémunération des agences, basé sur la performance, était "fondé sur des primes de nature à inciter les agences à privilégier la vente de billets Air Calédonie International (ACI) au détriment des compagnies concurrentes". L’autorité pointait également des risques de discrimination au profit de l’agence intégrée d’ACI et surtout un manque de séparation entre la comptabilité de la "vente de billets" de la compagnie et de ses autres secteurs d’activité (transports de passagers et de fret).
Pour répondre à ces préoccupations, Air Calédonie International a pris des engagements qui prévoient notamment le maintien des conditions actuelles de rémunération des agences pendant dix-huit mois (il s’agit de versements de rétrocommissions qui contournent le "zéro commission" en attendant de nouvelles discussions), l’application d’une convention unique à l’ensemble des agences, l’interdiction de pratiques de discrimination en faveur de l’agence de voyages interne d’ACI et surtout la séparation stricte des différentes comptabilités de la compagnie.
Ces engagements d’Aircalin ont été "soumis à un test de marché puis rendus obligatoires" par l’Autorité de la concurrence, qui considère qu’ils "répondent de manière suffisante et proportionnée aux préoccupations de concurrence identifiées."
Ce rapport de l’Autorité constitue "une première étape pour continuer le travail", tempère Vaéa Frogier, qui souligne que "certains éléments nous interrogent encore". Si la présidente du Syndicat des agences se satisfait de l’avis de l’Autorité "qui reconnaissait noir sur blanc le bien-fondé de ce que nous dénoncions", elle soulève de nombreux points qui restent à étudier. Pourquoi par exemple les commissions des agences privées sont-elles soumises à TGC et pas celles d’ACI ? "Et qu’est-ce qui pourrait faire évoluer notre niveau de dépendance économique à Aircalin ? Car la finalité, recadre Vaéa Frogier, ce n’est pas les agences contre Aircalin, mais c’est de poser la question les Calédoniens ont-ils vraiment le choix pour sortir de la Nouvelle-Calédonie ?"
Des discussions devront avoir lieu dans les mois à venir pour parvenir à un système pérenne et qui puisse, dans l’idéal, garantir une offre concurrentielle dans le ciel des voyageurs calédoniens.