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    Nouvelle Calédonie
  • P.C. | Crée le 19.12.2024 à 14h00 | Mis à jour le 20.12.2024 à 14h15
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    De nombreuses compagnies aériennes dans le monde sont passées au "zéro commission". C’est le cas en Polynésie française depuis 2014, un modèle qui semble fonctionner pour les agents de voyage de Tahiti. Photo DR
    La guerre est déclarée entre les agences de voyage et Aircalin. En cause, le système de rémunération basé en partie sur une commission de 5 % sur la vente des billets d’avion que la compagnie aérienne veut arrêter.

    Remontée et très énervée, Vaéa Frogier, dirigeante de Tropic Travel et présidente du Syndicat des agences de voyage, l’est incontestablement ! " Le projet zéro commission, c’est un vieux serpent de mer, attaque-t-elle. Au début des années 2000 et avec l’avènement du voyage sur internet, il y a des compagnies aériennes, on parle surtout des marchés américains et des marchés européens, qui ont fait le choix de mettre tout leur pouvoir de vente sur le Web et qui sont donc passés au zéro commission. " Mais, appuie Vaéa Frogier " pour qu’un marché puisse continuer à fonctionner de façon normale, avec zéro commission, il y a deux critères importants, à commencer par celui du volume. Mais il faut aussi qu’il y ait de la concurrence, c’est-à-dire que moi, entreprise indépendante, je dois être en mesure de faire jouer la concurrence. Donc, s’il y a autant de sièges Qantas qui rentrent en Calédonie, que de sièges Aircalin, que de sièges Virgin ou Jetstar ou Emirates etc. je peux aller voir Qantas et dire, si tu me commissionnes, je te vends plus que les autres. Est-ce que c’est le cas aujourd’hui en Calédonie ? Non. " Le contexte est posé.

    Pour les agents de voyage, sans concurrence, difficile de survivre sans la commission de 5 % versée par les compagnies aériennes sur la vente des billets d’avion. Or, Aircalin a annoncé en octobre qu’elle arrêtait cette commission alors qu’elle est en position dominante aujourd’hui, surtout depuis les événements de mai. Seule Qantas a repris ses vols. Air New Zealand est aux abonnés absents.

    " À maintes reprises, Aircalin a proposé aux agents de voyage de passer sur un modèle différent, rétorque Arnaud Gervais, directeur commercial et marketing de la compagnie à l’hibiscus. On ne veut plus soutenir ce modèle de double rémunération pour les agences (commissions d’Aircalin et frais de services aux consommateurs) qui consiste à donner des commissions aux agences de voyage de manière automatique, sans conditions, sans critères, alors que la vie normale d’un producteur et de ses distributeurs, c’est d’avoir un modèle à la performance sur un certain nombre de critères qualitatifs et quantitatifs. "

    Comment ça marche ?

    Mais comment marche cette commission concrètement ? Les agents de voyage sont commissionnés à hauteur de 5 % du prix du billet hors taxes. Pour un aller-retour sur Sydney autour de 60 000 francs, les taxes sont de l’ordre de 25 000 francs (taxes d’aéroport en Nouvelle-Calédonie, en Australie, taxe de sûreté, taxe carburant, taxe d’écologie etc), "ce qui nous laisse un billet hors taxes, à 35 000 francs, explique Vaéa Frogier. Et les agents de voyage touchent 5 %, "Aircalin me reverse donc 1 750 francs." La perte de cette commission entraînerait "une chute de 30 % de notre chiffre d’affaires, soit plusieurs millions de francs", assure Vaéa Frogier.

    " Aircalin, dans son entier, doit adapter son modèle. C’est pour ça qu’on a anticipé l’ouverture de la route Nouméa-Paris. On n’a plus le choix que d’évoluer vers un nouveau modèle pour pouvoir faire face à la crise et sauvegarder notre exploitation", explique Arnaud Gervais. Mais Vaéa Frogier ne décolère pas. Elle estime que la compagnie aérienne est fortement aidée : "Je pars du principe que le transporteur Aircalin, qui est largement tributaire des aides publiques, ne peut pas être à l’origine de la faillite d’entreprises privées. "

    Un modèle viable ou pas ?

    Jusqu’à présent, les agents de voyage étaient rémunérés par la commission versée par la compagnie et par des frais de dossier correspondant à leurs services. " On apporte du conseil, on vous dit pourquoi il vaut mieux acheter un billet Aircalin plutôt qu’un billet Qantas ou inversement. On vous demande de vérifier votre passeport, on s’assure que votre visa est valide. On vous propose des hébergements, des excursions… Il y a tout un univers qui va autour du voyage ", liste Vaéa Frogier.

    Alors, quel modèle économique propose Aircalin aux agents de voyage avec l’arrêt de cette commission ? "C’est un modèle basé sur la performance plutôt que d’avoir une commission qui les rémunère, développe Arnaud Gervais. Les critères de performance qu’on souhaite les voir appliquer, ce sont des critères quantitatifs sur le chiffre d’affaires, la préférence de marque qu’ils peuvent donner à Aircalin, mais aussi qualitatifs comme la qualité de leur SAV, la transparence de leurs frais de service à la clientèle."

    Un parachute de six mois

    Mais là où le bât blesse encore plus, selon les agents de voyage, c’est sur le timing de cette décision. Les évènements récents ont plombé la situation et l’année 2025 ne s’annonce pas optimale… "L’adaptation qu’on se doit de réaliser pour s’adapter à la nouvelle donne et à la crise nécessite d’aller vite. Pour autant, on a informé les agents de voyage fin octobre. On a fait déjà plusieurs réunions avec eux pour leur expliquer le nouveau modèle de rémunération qu’on leur proposait. Et parallèlement, on leur a proposé une mesure transitoire de six mois où ils n’auront aucun impact. C’est-à-dire qu’ils auront toujours leur 5 % jusqu’à fin juin 2025. À l’issue de ces six mois, en juillet 2025, on passera sur le nouveau modèle qu’on leur propose et on continuera à les rémunérer mais différemment. On a fait beaucoup d’efforts et on a pris en compte à la fois leurs inquiétudes et leurs intérêts ", estime Arnaud Gervais.

    " Une évolution de la méthode de rémunération des agences n’est pas envisageable lorsqu’il n’y a pas suffisamment de volume et de concurrence sur un même marché surtout dans le contexte actuel, s’agace la présidente du Syndicat des agences de voyage. Donc, vendre du voyage en 2025, ça va être un challenge, à nous de le relever, si on veut rester présents. En revanche, je ne veux pas que la compagnie aérienne nous coupe la tête ! "


    Vaéa Frogier, présidente du Syndicat des agences de voyage, ne décolère pas contre Aircalin qui veut leur couper la commission de 5 % sur les billets vendus. Photo Thierry Perron

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