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Jenny Briffa : "Racines mêlées est une ode à l’humanité, à la nature, aux liens entre les peuples"
Anne-Claire Pophillat | Crée le 02.09.2025 à 05h00 | Mis à jour le 22.09.2025 à 09h58

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Dans Racines Mêlées, mise en scène par Sophie Bezard, Jenny Briffa mélange la vraie histoire et les rencontres imaginaires. Photo A.-C.P.
Jeanny Briffa propose sa dernière pièce, Racines Mêlées, au centre Tjibaou du 4 au 7 septembre. Une aventure aux élans romanesques à travers les siècles, entre passé et présent, mais aussi autour du monde, entre la France et la Nouvelle-Calédonie, Tahiti et l’île Maurice, à la rencontre des grands navigateurs Cook, Bougainville et Lapérouse, mais aussi des lutins de la forêt et de tribus de Pouébo. Un spectacle au décor inédit pour "faire rêver les gens". Entretien.

Comment est né le projet de Racines Mêlées, qui est différent de vos précédentes créations ?

J’avais dit que je m’arrêterais à trois "Fin mal…" parce qu’il y a eu trois référendums, et puis j’avais peur d’épuiser un peu le thème. Je voulais changer du registre de la politique, mais toujours sur des thématiques autour du vivre ensemble. J’avais également cette envie de trouver une histoire qui puisse intéresser les Métropolitains, frapper leur imaginaire, dans cette idée d’exporter le théâtre calédonien.

J’ai pensé aux grands navigateurs, qui sont partis d’Europe et sont arrivés en Nouvelle-Calédonie, c’est le lien le plus ancien entre nous. Sauf que c’est James Cook qui est arrivé le premier ici, donc il fallait que j’invente une intrigue avec les navigateurs français. Or, il a navigué dans le Pacifique sur la même grande période que Bougainville et Lapérouse, donc j’ai inventé une fiction dans laquelle leurs destins se mêlent, je les fais se rencontrer en Europe. Cela nourrit l’intrigue, qui se passe en Nouvelle-Calédonie. Beaucoup de choses sont vraies, les dates, les parcours des navigateurs, les faits scientifiques, c’est très documenté également sur la tribu quand ils sont arrivés, mais des libertés ont été prises.

C’est un peu un mélange entre Pirates des Caraïbes du Pacifique et le Cluedo, parce qu’il y a plein de mystères et de secrets.

Quelle est l’histoire de la pièce, qui met en scène une célèbre botaniste venant chercher une plante très rare en Nouvelle-Calédonie ?

C’est l’histoire de Jannick, qui travaille pour un institut de botanique mondialement reconnu. Elle a en sa possession un carnet de botanique de l’époque de James Cook, qui décrit une plante qu’on n’a plus jamais vue depuis cette époque. Elle veut absolument la retrouver, parce qu’elle est persuadée que cette plante peut guérir une maladie orpheline, la maladie des ailes de papillon, ce qui la conduit jusqu’à Balade. Jannick obtient l’autorisation d’aller explorer la forêt. On lui adjoint un jeune homme qui s’appelle Célestin et ils partent tous les deux chercher cette fameuse plante. Ils vont consulter le carnet et l’histoire bascule à l’époque de Cook. C’est là que va se nouer cette intrigue dans le passé autour de la plante, de Cook, Bougainville, Lapérouse et aussi autour de plusieurs histoires d’amour. C’est un peu un mélange entre Pirates des Caraïbes du Pacifique et le Cluedo, parce qu’il y a plein de mystères et de secrets.


Parmi les huit comédiens, tous Calédoniens, Laurence Bolé et Stéphane Piochaud, avec lesquels Jenny Briffa a déjà collaboré sur les "Fin mal…". Photo A.-C.P.

Ce projet a été compliqué à mettre sur pied, pourquoi ?

Les difficultés sont organisationnelles, parce qu’on est entre la Métropole et la Calédonie. Il y a le décalage horaire, des systèmes administratifs différents, j’ai dû monter une autre compagnie dans l’Hexagone pour pouvoir payer les comédiens, ce qui fait deux fois plus de travail. Et puis, il y a la question des subventions. Heureusement, Racines Mêlées date d’avant les émeutes, et on a pu avoir du mécénat, mais le contexte était déjà contraint. C’est aussi un gros projet sur lequel plus d’une vingtaine de personnes ont travaillé, sans compter le décor. Et puis, à la base, on était en lien avec le Théâtre de l’Île, qui s’est finalement désengagé du projet, notamment pour des raisons financières, ce qui a rajouté du surcoût. Les institutions culturelles de la Nouvelle-Calédonie n’ont pas forcément joué le jeu de faire le suivi qu’ils auraient dû. Le centre nous a accueillis, mais aussi dans des conditions difficiles parce qu’ils n’ont plus de moyens. L’aspect financier est vraiment compliqué.

J’avais envie de plonger les gens dans une ambiance féerique, de les faire rêver.

L’une des spécificités de cette pièce est la place qu’occupe le décor. Pourquoi était-ce si important ?

Pour un tel projet, je me suis dit qu’il fallait que ce soit un véritable spectacle, parce qu’il y a beaucoup d’allers-retours entre le passé et le présent, mais aussi autour du monde. On passe de la Cour du Roi de France à l’île Maurice, à la Nouvelle-Calédonie, à Tahiti, aux bateaux, etc., il y a beaucoup de lieux différents. C’est pour cela que la scénographie est très importante, parce qu’elle permet de donner des repères. Le décor sert de support aux différentes époques.

Et puis, j’avais envie que les gens aient des paillettes dans les yeux en voyant les décors, j’avais envie de les faire rêver, je pensais aussi beaucoup aux enfants et à ceux qui ne sortent pas forcément du territoire. Moi, quand j’étais gamine, je n’ai jamais vu un spectacle comme ça ici et j’aurais adoré voir ça. Il y a également le travail sur le son, la musique, qui permet de plonger les gens dans une ambiance féerique.

Qu’avez-vous voulu faire passer à travers Racines Mêlées ?

C’est vraiment, pendant 1h40, oublier la lourdeur du monde actuel. Juste se reconnecter à : c’est quoi l’humanité, pourquoi on est sur Terre, en fait ? Cette pièce est à la fois une ode à l’humanité, à la nature, aux liens entre les hommes et les femmes, aux liens entre les peuples. Et oui, ça fait du bien. C’est tout public, c’est pour les familles. On a fait des séances avec les scolaires.


Une grande part est donnée aux personnages féminins dans la pièce. "Ils sont sans doute les vraies héroïnes de la pièce, dont des personnages historiques qui ont réellement existé, comme Jeanne Barret, la première femme à avoir fait le tour du monde à la voile", raconte Jenny Briffa. Photo A.-C.P.

Les représentations ont lieu du 4 au 7 septembre au centre Tjibaou, ce qui correspond à deux dates symboliques, lesquelles ?

On va jouer le jour de la date anniversaire du 251e anniversaire de l’arrivée de Cook. Le 4 septembre, il voit la Calédonie, et le 5 septembre, il pose le pied à terre. Et on joue le week-end du 50e anniversaire de Mélanésia 2000. Je trouve que c’est un super beau symbole. Quand on revoit les images, ce que voulait Jean-Marie Tjibaou, se dire que 50 ans après, sur le même lieu, il y a ce centre et que nous, une compagnie calédonienne avec des Kanak, des Métis, moi, Calédonienne blanche, qui ait écrit un texte, qui ait travaillé avec les gens de Balade, avec Scholastique Boiguivie, la descendante du chef de la tribu qui a accueilli James Cook, qui a fait les traductions en nyelâyu. Je trouve ça beau. Je pense que les esprits sont avec nous (sourire).

Racines Mêlées va voyager après ?

Oui, on a été sélectionné pour le festival des Francophonies, le plus grand festival au monde du théâtre francophone. On joue fin septembre à Limoges.

Une nouvelle collaboration avec Laurence Bolé


Dans Racines Mêlées, Laurence Bolé interprète Célestin, un jeune homme qui aide Jannick, la botaniste, à chercher une plante qui n’a pas été retrouvée depuis l’époque de Cook.

Laurence Bolé et Jenny Briffa se connaissent bien. La première pour avoir interprété la femme kanak indépendantiste de Stéphane Piochaud, caldoche loyaliste, dans Fin bien ensemble !, troisième volet d’une trilogie sur la situation politique en Nouvelle-Calédonie écrite par la deuxième. Puis, il y a leur collaboration dans le cadre de Barrage, une pièce qui revient sur les émeutes de 2024, attendue l’année prochaine sur le territoire. Et qui réunit à nouveau les deux comédiens.

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C’est donc tout naturellement que Jenny Briffa a parlé de son projet Racines Mêlées à Laurence Bolé, lui proposant de passer le casting. "J’ai été prise comme ça." À ce moment-là, la comédienne ne connaît pas encore l’histoire. "Je fais confiance à Jenny. Je sais que ce qu’elle écrit, c’est bien. Alors j’ai plongé dedans et c’est trop chouette." D’autant que cette nouvelle production est différente des précédentes. "Ce que j’ai beaucoup aimé, c’est le côté spectacle. On a un décor, la musique, etc., j’ai très peu vu ce genre de choses au pays. Même moi, ça me met des étoiles dans les yeux. Le décor est vraiment un personnage à part entière."

Autre changement, le fait que Racines Mêlées rassemble plusieurs comédiens et une équipe plus étoffée que d’habitude, avec la metteure en scène, Sophie Bezard, la scénographe, Lucile Bodin, la création sonore et composition, David Le Roy, la création lumière, Laurent Lange, et les costumes, Gauthier Rigoulot. "Ça fait du bien de travailler tous ensemble."

Une épopée

Ce qui lui plaît le plus ? "C’est l’épopée, l’aventure, découvrir des choses sur certains navigateurs comme Cook, on se dit que ce n’était pas que des conquérants, ils avaient aussi une humanité." Car au-delà de l’intrigue imaginée par Jenny Briffa, beaucoup de faits sont historiques. L’autre point central, pour Laurence Bolé : le lien à la nature, représenté par la quête d’une botaniste, Jannick, qui vient en Nouvelle-Calédonie chercher une plante très rare. "La nature est au centre de notre culture, les lutins, le monde invisible." Et la diversité dans les rôles, qui ne sont pas figés. "Les trois lutins sont interprétés par des Calédoniens de diverses origines. Manon est d’origine vietnamienne, Pablo est un blanc qui a grandi ici, Siman est Kanak. Ils représentent un peu notre Kanaky à nous. À un moment, je joue le roi de France, Stéphane Piochaud un grand chef kanak. Il n’y a pas d’ethnie, pas de genre, tout ça on l’a laissé à la porte."

Alors forcément, Laurence Bolé ne manque pas d’arguments pour inciter les gens à venir s’immerger dans l’univers de Racines Mêlées, pour avant tout, déjà, "passer un bon moment et voyager avec nous dans le temps. Et puis, ça fait toujours plaisir depuis les derniers événements de laisser ses soucis de côté, de venir écouter et voir un spectacle et d’en ressortir émerveillé".

Note

Racines Mêlées, une pièce de Jenny Briffa à voir de jeudi 4 à dimanche 7 septembre au centre culturel Tjibaou à Nouméa, à 19 heures en semaine et 18 heures le week-end. Les billets sont en vente sur www.eticket.nc [2]. À partir de 2 500 francs. Tarif normal : 3 500 francs.

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