
C’est depuis Honiara, capitale des Îles Salomon, où il est arrivé samedi 6 septembre en vue de participer au Forum des îles du Pacifique [1], que Moetai Brotherson s’est exprimé, quelques heures après la marche contre l’ice organisée dans les rues de Papeete et qui a réuni 6 500 participants [2]. Des manifestants qui ont notamment reproché aux autorités, celles de l’État pour la répression, mais aussi celles du Pays compétent en matière de prévention et d’accompagnement des addicts, son manque de fermeté, d’investissement ou de solution sur le sujet. Pour autant, le président de la Polynésie s’associe pleinement au message porté par la Fédération de lutte contre les drogues et la toxicomanie, organisatrice de l’événement. Cette dernière attend d’ailleurs toujours le versement d’une subvention de la collectivité d’une cinquantaine de millions de francs.
Dans son message publié sur sa page Facebook, Moetai Brotherson a rappelé que "des actions sont lancées" pour lutter contre l’ice, citant la campagne de sensibilisation menée par la direction de la Santé, la nouvelle organisation des urgences du Taaone, qui doit permettre un "premier circuit court et spécialisé pour les addicts" et qui va être "étoffé par la mise en place du programme Elsa", puis par l’ouverture du pôle de santé mentale l’année prochaine. Le président a également ajouté que "tout un train d’autres actions va venir". Parmi elles, "l’interdiction de commercialiser les pipes bulle". "C’est absolument scandaleux qu’on puisse encore commercialiser ces objets, qui n’ont pas d’autre usage que celui de la consommation d’ice. Nous allons donc bientôt déposer un texte qui viendra interdire leur importation et leur commercialisation."
Si ces pipes en forme de bulle, en verre ou en plastique, qui sont vendues jusqu’aux caisses des stations-service, sont le moyen le plus courant pour prendre de l’ice en Polynésie, d’autres formes de consommation existent. La méthamphétamine peut être fumée au travers de différents objets, parfois fabriqués, sniffée après avoir concassé les cristaux, injectée après dilution… Les centres de désintoxication américains rapportent même des modes de consommation par ingestion, parfois sous forme de comprimés appelés "speed".
Au fenua, des cas de consommation par vaporisation dans des cigarettes électroniques, dont il est difficile de savoir à quel point ils sont isolés, ont été rapportés. Ce qui a poussé la mairie de la commune de Teva i Uta à bannir toute forme de "vape" de ses espaces publics. Quelques jours plus tard, les élus ont voté une interdiction totale d’importation et de vente des produits de vapotage d’ici 2027. Une disposition contestée par les professionnels qui ont porté le texte devant le Conseil d’État.
Au micro de la chaîne TNTV, Moetai Brotherson a par ailleurs assuré que le projet de conversion de l’atoll d’Anuanuraro en centre de désintoxication à ciel ouvert était toujours en réflexion. "Ces personnes ont besoin d’être extraites de leur milieu d’origine, d’être écartées des centres de tentation", a-t-il déclaré.
Links
[1] https://www.lnc.nc/article/politique/l-ombre-de-la-chine-plane-sur-le-forum-des-iles-du-pacifique-aux-salomon
[2] https://www.lnc.nc/article/pacifique/polynesie-francaise/sante/social/societe/ils-ne-peuvent-plus-ignorer-notre-message-en-polynesie-6-500-personnes-marchent-contre-l-ice
[3] https://www.lnc.nc/user/password
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