
Dans dix jours, la proposition de loi organique visant à reporter les élections provinciales à juin 2026, comme prévu par l’accord de Bougival, sera examinée par le Sénat, avant d’être soumise au vote des députés français. D’ici là, la commission des lois du Sénat*, chargée d’éclairer les parlementaires sur les conséquences de l’adoption du texte, va recevoir les responsables politiques calédoniens concernés, à commencer par les députés.
Mercredi 10 septembre, ses membres ont auditionné Emmanuel Tjibaou. Le député indépendantiste de la deuxième circonscription a ainsi pu défendre sa vision du sujet. "Ces élections doivent être maintenues avant le 30 novembre 2025", a affirmé le signataire de l’accord de Bougival, s’alignant sur la position du FLNKS. La raison principale, pour le président de l’Union calédonienne : une nouvelle prolongation du mandat des élus calédoniens, qui siègent depuis mai 2019, priverait "le peuple de son droit fondamental de choisir ses représentants".

"Reporter indéfiniment un scrutin créé indubitablement des risques : la perte de confiance des citoyens et l’injustice politique. Le respect des échéances électorales est une garantie de justice et d’équité", estime Emmanuel Tjibaou.
De nouvelles élections en fin d’année redonneraient, à l’inverse, "une légitimité claire aux institutions" calédonienne, poursuit-il. Ce maintien participerait également à la quête d’un "consensus durable", en offrant un mandat clair aux négociateurs et en créant "les conditions d’un dialogue serein en vue de conclure un accord politique global, seule voie pour achever le processus de décolonisation".
Le ministre des Outre-mer démissionnaire, Manuel Valls, s’est exprimé en défaveur d’un maintien des provinciales à novembre, jugeant que ce scrutin mené sans accord politique et avec un corps électoral gelé risquait de provoquer des tensions et de mener à une campagne violente. Les délégations calédoniennes signataires de Bougival, en dehors du FLNKS, s’y opposent également. Lundi, les élus du Congrès de la Nouvelle-Calédonie doivent justement se prononcer [1] sur le report à juin 2026 du scrutin. Un avis qui n’est que consultatif, la décision revenant aux parlementaires français.
* Contrairement à ce que nous avions initialement écrit et à ce que le député a indiqué sur ses réseaux, Emmanuel Tjibaou a bien été auditionné par la commission des lois du Sénat et non par celle de l'Assemblée nationale.