
Sommes-nous la seule forme de vie intelligente dans l’Univers ? Comment l’intelligence artificielle est-elle utilisée en astrophysique ? Faut-il être “intelligent·e” pour faire de la recherche ? Ces questions seront au cœur d’un des événements phares de la Fête de la science, qui a choisi de s’intéresser, cette année, au thème des "Intelligences". [1] Du 3 au 13 octobre, plus de 35 événements sont programmés sur l’ensemble du pays, notamment par l’Université de la Nouvelle-Calédonie et le Cresica (Consortium de coopération pour la recherche, l’enseignement supérieur et l’Innovation en Nouvelle-Calédonie). Parmi les diverses formes d’intelligence mises en avant, figure "l’intelligence en astrophysique". "Un thème qui fait écho jusqu’en Nouvelle-Calédonie, où de nombreux jeunes s’interrogent sur leur avenir scientifique", soulignent les organisateurs.
Entre autres intervenants conviés à partager leur amour pour la science, les participants pourront rencontrer virtuellement une jeune astrophysicienne de 28 ans, Joanna Berteaud, qui a passé une partie de son enfance en Nouvelle-Calédonie, de 2004 à 2008, et qui travaille aujourd’hui à la Nasa, l’agence spatiale nord-américaine. En compagnie d’une dizaine de chercheurs, elle participe à Astragora, une plateforme de discussion créée il y a deux ans. "Notre idée, c’était de donner la possibilité à des jeunes intéressés par l’astrophysique de pouvoir discuter avec des chercheurs et des chercheuses, parce que tout le monde n’a pas la chance d’en rencontrer ou de visiter un labo d’astrophysique", explique la docteure. Objectif : témoigner du fait que la recherche n’est pas réservée à des privilégiés.
Les participants à cette discussion, ouverte à tous sur la plateforme Discord, [2] peuvent se renseigner sur les orientations, les filières universitaires en profitant de l’expérience de chercheurs ou tout simplement poser des questions sur les mystères de l’univers. Quand on évoque "intelligence" et "astrophysique", on pense spontanément à une forme d’intelligence extraterrestre. Mais "les astrophysiciens cherchent plutôt des signes de vie, des signatures biologiques. Par exemple, analyser la composition de l’atmosphère ou des roches d’une planète, nous donne des informations sur l’éventuelle présence d’une vie biologique primitive", explique Joanna Berteaud. "L’univers est tellement grand que s’il y a de la vie quelque part, la chance pour qu’on arrive à la détecter est vraiment minime", estime la chercheuse.
Alors comment détecter des traces de vie dans cette immensité sans bouger de notre planète bleue ? "C’est une des choses que je trouve le plus fascinant en astrophysique, s’enthousiasme la jeune femme. Un de nos principaux outils, c’est d’étudier la lumière qui vient de partout dans le ciel, et on utilise tout le spectre de lumière, dont l’œil humain ne perçoit qu’une infime partie. Et quand des molécules sont présentes, par exemple, dans l’atmosphère d’une planète, elles vont soit émettre soit absorber des longueurs d’onde particulières. Et ça, ça nous permet d’en savoir plus sur la composition de l’atmosphère des étoiles."
Pour en savoir plus sur les mystères de notre univers, la plateforme Astragora est à découvrir à l’occasion de cette Fête de la science, mais "nous pouvons intervenir auprès des scolaires à n’importe quel moment de l’année", précise-t-elle. De quoi stimuler la curiosité des plus jeunes et pourquoi pas susciter des vocations. Celle qui se voyait plutôt archéologue étant enfant a finalement été aspirée par les étoiles au fil de ses découvertes. "J’ai toujours été très curieuse et quand j’étais petite, et c’est vraiment ça qui est important quand on veut faire de la recherche, être curieux de tout et aimer apprendre."
Une curiosité et une soif d’apprendre qui l’ont finalement menée à un doctorat en astrophysique, décroché en 2023, grâce à sa thèse intitulée "Résoudre des mystères astrophysiques grâce aux objets compacts". Car la recherche d’une vie, de surcroît intelligente, aux confins de l’univers, n’est pas ce qui anime le plus la scientifique. Ses motivations sont bien ancrées dans le réel. "Si on découvre une forme de vie intelligente, qu’est-ce qu’on va faire ? Est-ce qu’on va être nocif pour eux, je ne sais pas. Ce qui m’anime à travers Astragora, qui est destinée à un public jeune et qui se pose des questions, c’est de montrer qu’il y a plein de profils différents dans la recherche", ajoute-t-elle. Car dans un milieu où les femmes ne représentent que 30 %, et encore moins lorsqu’on monte en grade, les jeunes filles sont une des cibles privilégiées. "Ce n’est pas parce qu’on est une femme, que la recherche ce n’est pas pour nous. Il ne faut pas se dire qu’on n’a pas le profil, insiste-t-elle. Et puis c’est important de donner des modèles aux jeunes pour qu’ils puissent sentir que la voie qu’ils ont choisie est la leur, parce que d’autres comme eux l’ont parcourue." Explorer Astragora avec Joanna Berteaud ne répondra peut-être pas à la question de l’existence ou non d’une forme de vie intelligente dans l’univers, mais elle montrera que notre planète fourmille d’intelligences qui ne demandent qu’à s’épanouir au gré de notre curiosité.
Pour tout savoir sur Astragora et le programme de la Fête de la science : fetedelascience.fr [3]
Links
[1] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/sciences/animations/les-intelligences-au-coeur-de-la-fete-de-la-science
[2] https://discord.com/invite/zCFnUchC2e
[3] https://www.fetedelascience.fr/astragora-l-astrophysique-portee-de-clic
[4] https://www.lnc.nc/user/password
[5] https://www.lnc.nc/user/register
[6] https://www.lnc.nc/formulaire/contact?destinataire=abonnements