
Une belle surprise au détour d'une balade entre amoureux des oiseaux. En arpentant le domaine de Déva, début septembre, un groupe de touristes passionnés des oiseaux, guidé par l'ornithologue Frédéric Desmoulins, scrute à la longue vue le marais Fournier depuis l'observatoire ornithologique. C'est alors qu'une touriste américaine qui fait partie du groupe signale à Frédéric Desmoulins la présence d'un oiseau de la taille d'un canard, de la forme d'une poule sultane, intégralement noir avec le bec et le front blanc.
Un animal jamais répertorié en Calédonie, mais que le spécialiste identifie rapidement. C'est une foulque macroule, présente en Asie, en Australie et en Nouvelle-Zélande, mais qui, après vérification, n'avait encore jamais été observée sur le Caillou.
Sa présence n'a rien d'anormal sur le territoire, selon Frédéric Desmoulins, pour qui cette foulque "n'est pas connue pour être un migrateur, mais peut très bien être arrivée ici après avoir été isolée de son groupe ou emportée par une tempête."
Le spécialiste confirme que l'animal était toujours sur place "le week-end dernier. Elle va peut-être vadrouiller quelque temps pour voir si elle trouve un compagnon et pourrait très bien décider de rester ici", estime-t-il.
Une présence confirmée par la Société calédonienne d'ornithologie, la SCO. David Ugolini, son président, explique "qu'il n'est pas rare que périodiquement une nouvelle espèce soit signalée en Calédonie". Mais concernant cette foulque, il se veut rassurant : "Il n'y a pas lieu de s'alarmer. Les arrivées naturelles, qui arrivent lorsque les conditions sont favorables font partie du cycle naturel."

Aucune menace donc vis-vis de la présence de ce nouvel hôte à plumes. L'occasion pour David Ugolini de rappeler le véritable danger que font peser "les espèces qui sortent de nos cages, comme le collier des Indes (perruche à collier, connue pour son caractère invasif, NDLR) ou le bulbul à ventre rouge", l'un des trois pires oiseaux envahissants de la planète, qui sévissent depuis des années en Calédonie. Une campagne de vigilance par rapport aux oiseaux migrateurs est par ailleurs en cours concernant la grippe aviaire. Le gouvernement appelle à signaler la présence notamment d'animaux [1] morts ou affaiblis. "Mais l'oiseau en question semble en bonne santé, le risque grippe aviaire est donc réduit", estime David Ugolini.
Si cette espèce est moins courante que certains échassiers qui se posent régulièrement sur notre sol, comme les aigrettes ou certains hérons, le président de la SCO n'exclut pas que d'autres individus de foulque macroule soient déjà venus en Calédonie sans qu'on ait pu jusqu'à présent en observer. En tout cas, la présence de ce nouvel oiseau constitue "une petite curiosité que les 'ornithocurieux' voudront certainement aller voir de plus près", conclut David Ugolini.