
Les drapeaux FO et USTKE fixés aux grilles surplombent les banderoles aux propos cinglants : "Stop à ces conditions inadmissibles", "On refuse le mépris"… Sous un tivoli de fortune, une dizaine d’agents du centre pénitentiaire de Nouméa forment le comité d’accueil constitué spécialement pour Naïma Moutchou. La ministre des Outre-mer visitait le Camp-Est, ce jeudi 13 novembre, dans la matinée.

L’occasion pour les agents mobilisés de rappeler à l’État leur quotidien, qui s’est considérablement détérioré ces derniers mois. "Elle vient pour parler des conditions de détention indignes des détenus. Mais nous, ce qu’on veut montrer, c’est que ces conditions de détention riment aussi avec nos conditions de travail", lance Victor Waheo, de la section STKE pénitentiaire.
C’est la deuxième fois que l’intersyndicale se réunit cette année, après un premier mouvement mi-septembre, pour les mêmes raisons. Malgré les émeutes et la mutinerie qui a mis en lumière les failles de sécurité existantes au sein d’une des prisons les plus surpeuplées de France, "rien ne bouge", regrette Victor Wayaridri (Force ouvrière). "L’État parle d’économies au détriment de notre sécurité." Les agressions se sont multipliées ces dernières semaines, alertent les agents : quatre surveillants ont été attaqués par des détenus en un mois et demi. "Quand ça se tend politiquement, on le ressent ici, affirme Victor Waheo. Cet endroit est le reflet de la société."

Des conditions de travail trop dégradées pour attendre la construction d’une nouvelle prison, estiment les représentants syndicaux. "Il faut investir dans le Camp-Est, on ne peut pas passer des années comme ça." D’autant que le projet d’un nouveau centre pénitentiaire, annoncé en février 2024 par Éric Dupond-Moretti [1], alors garde des Sceaux, est désormais conditionné au succès de l’accord de Bougival. "Ça veut dire quoi ? Si l’accord tombe, il n’y a pas de nouvelle prison", s’inquiète Victor Waheo.
Alors que le dialogue social entre les surveillants et la direction du Camp-Est "est rompu", les surveillants exigent d’être traités avec les mêmes égards que leurs collègues de la police ou de la justice. "Gérald Darmanin a récemment fait des annonces sur la venue de magistrats supplémentaires en Nouvelle-Calédonie, et rien pour nous", s’agace Victor Wayaridri. "On est délaissés, abonde Victor Waheo. Mais il faut investir dans notre sécurité, sinon ça ne tiendra pas." La ministre des Outre-mer devait rencontrer les représentants syndicaux au terme de sa visite de la prison.