
Au lycée Petro-Attiti, les traces de l’incendie qui a détruit une partie de l’établissement lors des émeutes de 2024 [1] sont toujours visibles sur plusieurs bâtiments, malgré des ateliers déjà remis en état. C’est dans ce contexte que Naïma Moutchou, ministre déléguée aux Outre-mer, a effectué une visite de terrain ce vendredi matin. Sa présence a attiré l’attention de nombreux élèves, peu habitués à accueillir une représentante de l’État.
Parmi eux, Noslï, 17 ans, originaire de Thio. Il a tenu à préparer un dessin pour la ministre. "On n’a pas l’habitude de voir une ministre ici. On espère que ça pourra apporter du changement. On a réussi à bien refaire nos ateliers, c’est agréable de travailler ici", explique-t-il. Son témoignage reflète le travail mené ces derniers mois par les élèves et les équipes techniques pour remettre en service une partie des espaces d’enseignement.

Isabelle Champmoreau, membre du gouvernement en charge de l’enseignement, rappelle que l’établissement reste marqué par ce qu’il a traversé. "C’était un traumatisme très fort pour nos équipes", souligne-t-elle. Elle identifie trois enjeux à cette visite ministérielle : la reconnaissance du travail effectué, la valorisation des élèves encore présents malgré les difficultés et l’engagement opérationnel de l’État dans la reconstruction.
"L’État soutient à 100 % la reconstruction des établissements scolaires. Les travaux s’étaleront jusqu’en 2028 et permettront de récupérer l’internat", précise-t-elle. Elle indique également que le lycée sera restructuré pour passer de 800 à 400 élèves, afin d’améliorer le climat scolaire et de mieux valoriser les filières professionnelles. Les formations transférées dans d’autres établissements après l’incendie n’y reviendront pas, ce qui explique cette réduction des effectifs.

Du côté des familles, les attentes ne portent pas uniquement sur les bâtiments. Yolande, impliquée depuis sept ans auprès des élèves, insiste sur l’importance des démarches engagées après les émeutes. "On a pensé à nos enfants, 90 % d’élèves océaniens ici. Mais le dossier avance", estime-t-elle. Elle alerte cependant sur les problèmes de transport rencontrés par certains jeunes : "Il y a des élèves qui n’arrivent plus à l’école parce que c’est trop cher." La maman rappelle également la nécessité de disposer d’un internat fonctionnel pour accueillir les élèves venant d’autres communes ou des îles.
Durant sa déambulation sur le site, la ministre a observé plusieurs zones endommagées. "De visu, c’est très impressionnant", constate-t-elle. "On voit bien la violence de ce qu’ont été les émeutes." Interrogée sur l’accompagnement de l’État, la ministre le rappelle : "L’État s’engage pour la reconstruction. C’est une nécessité absolue. L’État sera au rendez-vous pour que les jeunes puissent retrouver des conditions d’apprentissage dignes."
La visite a permis aux différents acteurs de rappeler leurs priorités : poursuite des travaux, relance de l’internat, solutions de transport et maintien des filières adaptées aux élèves de la zone. Si aucun calendrier supplémentaire n’a été annoncé, la continuité des démarches engagées depuis plusieurs mois a simplement été confirmée.