
"On n’a pas cet argent." Auditionnée par la Commission des lois du Sénat mercredi 19 novembre, la ministre des Outre-mer n’y est pas allée par quatre chemins, balayant d’un revers de la main le projet de construction d’une nouvelle prison à Koutio-Kouéta, qu’avait officiellement annoncé en février 2024 le ministre de la Justice de l’époque Éric Dupont-Moretti [1]. Alors que l’Hexagone cherche, dans le cadre de son budget 2026, à faire des économies dans tous les domaines, ce dossier semble donc en faire clairement partie.
"Je ne vais pas vous mentir et je vais assumer des choses très difficiles à dire, lance Naïma Moutchou. Bien sûr qu’il y a des ministres avant moi qui se sont engagés à la construction d’une grande prison qui remplacerait purement et simplement celle d’aujourd’hui (le Camp-Est, N.D.L.R). C’est, au bas mot, au minimum 500 millions d’euros, donc probablement beaucoup plus, 700, 800 millions d’euros*, peut-être. C’est 7, 8 ans, peut-être 10 ans de construction, avec le problème de foncier qu’on connaît par ailleurs sur le territoire. On n’a ni cet argent, ni ce temps." De retour d’un déplacement de cinq jours sur le Caillou, la ministre des Outre-mer a d’ailleurs visité le Camp-Est, dont elles qualifient les conditions de détention "indignes", avec "un niveau de surpopulation carcérale consternant" et des conditions de travail "très difficiles" pour le personnel pénitentiaire, à qui elle "renouvelle son soutien".
"Les conditions de détention riment avec nos conditions de travail", clament les agents du Camp-Est [2]
Pour autant, le projet de construction d’une nouvelle prison sur la presqu’île de Ducos "n’est pas la solution", faute de "moyens", assène la ministre des Outre-mer, qui plaide néanmoins en faveur "d’alternatives", à commencer par la création d’un centre de semi-liberté, dossier sur lequel elle assure se pencher en coordination avec le procureur de la République, Yves Dupas, et "d’autres acteurs des institutions carcérales". "Cela permettrait de soulager un peu la pression, de sortir un certain nombre de détenus de la prison, entre 50 et 100 profils déjà, pour les amener à autre chose […], comme les activités d’insertion et de liens sociaux", détaille Naïma Moutchou, qui assure pousser en personne ce projet auprès du Garde des Sceaux, Gérald Darmanin, plutôt que de poursuivre ce "doux rêve" de nouveau centre de détention. "Nous n’avons pas les moyens et cela durerait beaucoup trop longtemps, même si nous devions engager les travaux aujourd’hui. En attendant, qu’est-ce qu’on fait ?", interpelle la ministre d’un point de vue "pratique", et selon qui le centre de semi-liberté est "une bonne idée" pour "soulager" les équipes du Camp-Est.
Links
[1] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/justice/en-nouvelle-caledonie-nous-aurons-les-meilleures-structures-penitentiaires-de-france
[2] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/societe/visite-de-naima-moutchou-les-conditions-de-detention-riment-avec-nos-conditions-de-travail-clament-les-agents-du-camp-est
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