
Les gérants de nakamals, dont le nombre d’établissements serait fixé par un numerus clausus (un quota en quelque sorte), pourraient bientôt devoir disposer d’une licence, au même titre que les bars, pour vendre du kava. C’est, dans les grandes lignes, l’esprit du projet de loi du pays préparé par le gouvernement et qui doit désormais être examiné au Congrès, en vue de durcir la réglementation et mieux encadrer cette filière.
Licence, quotas, hygiène… Ce qui devrait changer pour les nakamals [1]
Ce texte n’est pas du goût de tous, à commencer par certains gérants de nakamals, qui ont décidé de se regrouper au sein de la FAK, Fédération des artisans du kava. Pour ce nouveau syndicat, "si la volonté de structurer le secteur est compréhensible", le projet de loi, qui "manque de concertation", est néanmoins source de "fortes inquiétudes" à bien des égards.
La FAK reproche notamment qu’aucun document transmis, dans le cadre de la préparation de ce projet de loi, ne présente : le nombre exact de nakamals existants, les emplois concernés, l’impact économique global, la contribution fiscale potentielle, ni même "l’importance culturelle ou sociale" de ces établissements. "La mise en place d’un numerus clausus, sans chiffre ni critères objectifs, créerait mécaniquement des fermetures massives, avec des conséquences graves pour les familles, les quartiers et l’économie locale", déplore Thomas Guarese, porte-parole de la fédération, pointant par ailleurs une "assimilation injustifiée" du kava au régime juridique de l’alcool, qui "n’est fondée sur aucun élément scientifique ou sanitaire et constitue une erreur manifeste d’appréciation".
C’est pourquoi la FAK demande la mise en place d’une licence "spécifique adaptée aux us et coutumes du kava", la création d’un code APE spécifique et d’un registre officiel des nakamals, afin d’évaluer le poids de cette filière dans l’économie du pays. "On ne peut pas réglementer rigoureusement une filière qui n’existe même pas dans les nomenclatures administratives, insiste le porte-parole de la fédération, qui demande à être associée à l’écriture de ce projet de loi. Les exploitants n’ont jamais été invités à contribuer à l’élaboration du texte. Une réglementation durable et équilibrée ne peut pas se construire sans les acteurs directement concernés."
En clair, ces exploitants de nakamal souhaitent "participer activement" à la mise en place "d’un cadre solide, moderne et responsable" et "rejettent toute approche arbitraire, déconnectée du terrain ou assimilant le kava à l’alcool sans fondement". Le syndicat "réaffirme sa volonté de coopération, mais également sa détermination à protéger les établissements, les emplois, les familles et la pratique culturelle du kava."