
Dettes "maîtrisées", charges revues à la baisse et ouverture en configuration quatre étoiles : l’hôtel Wadra Bay de Lifou, placé en redressement judiciaire en juillet, pourra accueillir ses premiers clients lundi 22 décembre. Le tribunal de commerce a autorisé la reprise de l’exploitation par la société Gygadeix (pour le compte de la Société de développement et d'investissement des îles Loyauté, Sodil), tout en prolongeant de six mois la période d’observation du redressement judiciaire. Une décision qui marque l’entrée dans une nouvelle phase pour le projet, selon le président de la Sodil, Jacques Dralue.
"Nous avons fait la démonstration que les dettes de la société étaient maîtrisées et que chaque dette avait une solution", explique-t-il. C’était, selon lui, le premier point exigé par le tribunal. Le second portait sur la capacité opérationnelle à ouvrir l’établissement. "Il fallait aussi démontrer qu’on avait la capacité d’ouvrir. Le tribunal nous a suivis sur les dettes. Donc ils ont prolongé la période d’observation de six mois."
Durant cette période, l’établissement va fonctionner "comme un hôtel normal", mais sous surveillance. L’enjeu est clair : "il faut qu’on démontre que l’exploitation est viable économiquement, en termes de chiffre d’affaires et de charges d’exploitation", poursuit le président. La poursuite de l’activité dépendra donc de la capacité à transformer cette reprise sous contrôle judiciaire en modèle économique durable. Un point d’étape sera ainsi effectué à l’issue des six mois.
Construit selon des normes cinq étoiles, le Wadra Bay ouvrira toutefois dans une configuration adaptée. "Ce qu’on baisse dans notre offre ne concerne pas les infrastructures, mais le service", précise Jacques Dralue. L’objectif est de limiter les charges, notamment de personnel, afin de se donner davantage de chances de réussir l’exploitation. "Le standing est finalement quatre étoiles, provisoirement."
Les cinquante chambres de l’hôtel sont donc prêtes à accueillir les clients. Seize salariés ont déjà été embauchés le 11 décembre dans les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration, et sont mobilisés pour préparer l’ouverture. Ce redémarrage est rendu possible par le soutien de la province des Îles, qui a notamment formalisé, fin novembre, une autorisation de programme en lien avec le financement du dossier Wadra Bay pour un montant de 600 millions de francs. "C’est un projet porté par la province depuis trois mandatures. Les élus avaient à cœur que ce projet aboutisse, et ils ont mis les moyens pour qu’on puisse ouvrir", souligne le président de la Sodil.
Les projections restent toutefois prudentes. En s’appuyant sur les données observées dans les autres établissements hôteliers des Îles, la direction table sur un taux de remplissage compris entre 30 et 35 %. "On n’a rien inventé. On a les chiffres, ils sont réels, on les connaît", insiste Jacques Dralue. L’équilibre financier pourrait être atteint si les charges restent contenues et si la fréquentation progresse, sous réserve également d'un bon fonctionnement de la desserte aérienne et maritime. "Si l’activité touristique reprend en Nouvelle-Calédonie et sur les Îles, le taux de remplissage va remonter", espère Jacques Dralue, qui voit plusieurs signaux encourageants : baisse du niveau d’alerte des autorités australiennes sur la destination, retour d’Air New Zealand et reprise attendue des marchés traditionnels, sans oublier bien sûr les Calédoniens eux-mêmes. "Aujourd’hui, on vise aussi le tourisme local", confirme le président.