
La promesse avait été faite par Michel Barnier, éphémère Premier ministre (septembre-décembre 2024), et concrétisée par une circulaire signée de son ministre des Outre-mer, François-Noël Buffet [1]. Un an et trois gouvernements plus tard, le "Fonds de l’État au bénéfice de la reconstruction des bâtiments publics" a franchi une étape importante, avec la validation de l’ensemble des dossiers soumis par les collectivités aux services du haut-commissariat.
En tout, 80 arrêtés de subvention ont été pris. "Les derniers ont été signés la semaine dernière, révèle Jacques Billant, haut-commissaire, lors d’une conférence de presse organisée ce mardi 30 décembre. Nous tenons donc le calendrier que nous nous étions fixé, c’est-à-dire la finalisation de ce dossier avant la fin de l’année 2025", s’est-il félicité.
Au total, le montant des chantiers identifiés par les quinze collectivités concernées (communes, provinces, gouvernement, syndicats mixtes…) afin de reconstruire les bâtiments publics détruits durant les émeutes s’élève à 14,4 milliards de francs. Sur cette somme, l’État s’engage à prendre en charge 12,2 milliards de francs. "Un soutien massif", a tenu à souligner Jacques Billant. En 2024, l’État avait annoncé une enveloppe de 24 milliards de francs consacrée à la reconstruction des bâtiments publics, un budget qui s’est avéré largement surestimé. Sur les 80 projets, une partie concerne des bâtiments scolaires dont la reconstruction est prise en charge à 100 % [1]. Le reste (bâtiments administratifs, hôtels de ville, églises, voirie) est financé à hauteur de 80 % par l’État. Les collectivités financent les 20 % restants.

Un "effort considérable" de l’État, qui avait d’abord annoncé une participation de 70 %. Certains responsables de collectivités, à l’image du maire de Dumbéa Yoann Lecourieux [2], avaient alors fait part de leur inquiétude, s’estimant incapables de réunir les fonds nécessaires au financement du reste à charge. "Les règles étaient posées dès le départ, c’est en connaissance de cause que les collectivités ont déposé leurs dossiers", juge aujourd’hui Jacques Billant, évoquant "entre cinq et dix dossiers" abandonnés faute de fonds suffisant.
Déjà 76 projets ont fait l’objet d’un premier versement équivalent à 30 % du montant de chaque opération, ce qui a représenté 4 milliards de francs. Une manière de "lancer la dynamique", et permettre notamment aux entreprises du bâtiment de se positionner, elles qui attendent de longue date le lancement des chantiers de reconstruction. "Elles ont besoin de visibilité, là c’est l’occasion de les mobiliser sur les appels d’offres lancés par les collectivités, c’est un enjeu important. Il faut préserver les compétences sur le territoire, donc on est dans une sorte de course contre la montre", estime Jacques Billant.
Au-delà de cette "phase d’urgence" que représente la reconstruction, les services de l’État et les collectivités calédoniennes continuent le travail autour du pacte de relance et de refondation, piloté par Claire Durrieu [3]. "Il y a évidemment tout un tas d’enjeux autour de l’attractivité de la Nouvelle-Calédonie, afin de favoriser la création d’emplois, mais il s’agit aussi de continuer à travailler sur un plan d’investissements dans les infrastructures essentielles, le développement de nouvelles filières, l’adaptation aux effets du changement climatique…", liste le haut-commissaire.
Des ambitions à long terme évoquées dans le plan de 265 millions de francs sur cinq ans pour la Nouvelle-Calédonie [4], annoncé par le Premier ministre Sébastien Lecornu, dans un courrier adressé aux élus calédoniens le 5 décembre. Un vaste programme, toujours suspendu à la capacité des responsables politiques nationaux de se mettre d’accord sur un budget 2026 pour la France.
Links
[1] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/politique/l-etat-s-engage-a-prendre-en-charge-a-100-la-reconstruction-des-ecoles
[2] https://www.lnc.nc/article/grand-noumea/dumbea/societe/faits-divers/70-de-prise-en-charge-de-l-etat-pour-reconstruire-les-batiments-publics-ce-ne-sera-pas-suffisant
[3] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/economie/social/politique/associer-largement-travailler-l-urgence-et-le-long-terme-la-methode-du-pacte-de-refondation-devoilee
[4] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/economie/politique/262-milliards-de-francs-sur-cinq-ans-pour-la-nouvelle-caledonie
[5] https://www.lnc.nc/user/password
[6] https://www.lnc.nc/user/register
[7] https://www.lnc.nc/formulaire/contact?destinataire=abonnements