À deux ans des élections présidentielles, la Nouvelle-Calédonie revient au cœur du jeu politique national où les chefs de file des principaux partis enchaînent les séjours. Derniers en date, la visite simultanée de la fondatrice du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen et du vice-président des Républicains (LR) François-Xavier Bellamy, du 27 mai au 1^er juin, qui ont multiplié les séquences, notamment au Mont-Dore Sud et où ils ont également tenu, chacun leur tour, une réunion publique aux allures de meeting à Nouméa.

Si le numéro 2 des Républicains a défendu la Nouvelle-Calédonie française et la légitimité des résultats des trois référendums [1], déroulant les arguments brandis par la coalition Loyalistes-Le Rassemblement, devant un public déjà acquis à sa cause, la cheffe du RN a quant à elle défendu une autre vision : [2] celle d’une pause institutionnelle pour permettre notamment à l’économie de se reconstruire avec une nouvelle consultation référendaire d’ici quarante ans. Un point de vue qui a crispé bon nombre de partisans de la France [3] qui n’ont pas hésité à la chahuter sur le sujet. Pour autant, selon Calédonie ensemble, c’est Marine Le Pen qui a, de loin, remporté ce duel des droites qui "s’est joué à distance" sur le Caillou.

Victoire "4-0" de Le Pen face à Bellamy

Droit à l’autodétermination, analyse de la crise et de ses causes, dégel du corps électoral, discussions avec les élus… La présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale a gagné ce "match 4 à 0" face au vice-président des Républicains. "Afin d’appréhender au mieux les problématiques calédoniennes, Il est primordial d’aller à la rencontre de l’ensemble des forces politiques du pays et de les écouter. Sur ce point, François-Xavier Bellamy affirme qu’il parle avec tout le monde […] A Paris peut-être ! Mais pas en Nouvelle-Calédonie, puisque les seuls "chanceux" à l’avoir rencontré sont le Rassemblement et les Loyalistes, fustige notamment Calédonie ensemble, dans un communiqué diffusé, ce lundi 2 juin, dans la soirée. "Marine Le Pen, comme elle l’avait annoncé, a bien été à la rencontre de l’intégralité de la classe politique calédonienne. La méthode Bellamy n’est très certainement pas la meilleure pour trouver des solutions et sortir du marasme les Calédoniens et le pays."

Alors que Calédonie ensemble fait figure de voie médiane et nuancée dans le camp non indépendantiste, ses leaders estiment que la position de la représentante de l’extrême droite est aujourd’hui plus proche de leurs convictions sur le dossier calédonien, notamment à travers le projet de référendum de projet qu’ils défendent "depuis une décennie" que de celle des Républicains.

"L’analyse un peu plus clairvoyante" de Le Pen

"Sur les causes de la situation actuelle de la Nouvelle-Calédonie, là aussi, Marine Le Pen fait preuve d’une analyse un peu plus clairvoyante en identifiant le chemin qui a conduit au 13 mai, dont le fait de maintenir le troisième référendum, alors qu’on aurait très bien pu attendre six mois pour qu’il soit légitime aux yeux de tous […] là où François-Xavier Bellamy se contente de constater que cette crise a eu lieu […] parce que certains ont décidé de passer par la violence pour renverser un processus démocratique", analyse le parti non-indépendantiste, avant de conclure : "Même si nous ne partageons pas la ligne politique générale du RN, nous devons avouer que sur la Nouvelle-Calédonie, leur discernement et leur sens des responsabilités sont à la hauteur des enjeux, contrairement à la misérable petite instrumentalisation politicienne à laquelle François-Xavier Bellamy s’est livré."