
La troisième conférence des Nations Unies sur l'océan (Unoc 3) se tient à Nice, dans l'Hexagone, du 9 au 13 juin. Co-organisé par la France et le Costa-Rica sur fond d'urgence climatique, ce sommet réunit des acteurs du monde entier (États, ONG, scientifiques…) dans un but : préserver les océans et garantir une utilisation durable de leurs ressources. L'occasion de trouver un meilleur équilibre entre enjeux de préservation de la biodiversité et activités économiques (pêche, transport maritime, tourisme, etc.). Au-delà de mobiliser des fonds, ce rendez-vous doit permettre de renforcer et mieux diffuser les connaissances et les sciences de la mer pour une meilleure prise en compte dans les décisions politiques.
Les 193 États membres de l'ONU sont invités. Plus de 70 dirigeants mondiaux et des milliers de délégués, scientifiques et représentants d'ONG sont attendus sur la côte d'Azur. Parmi eux : une délégation de la Nouvelle-Calédonie, dont le membre du gouvernement en charge de la mer, Jérémie Katidjo-Monnier.
Lors du sommet, l'exécutif aura à cœur de mettre en avant les "mesures pionnières" mises en place dans les eaux calédoniennes. À l'image de l'extension de ces aires marines. Pour rappel, en octobre 2023, le gouvernement a triplé les zones de "protection forte" du parc naturel de la mer de Corail [1] (PNMC), soit 136 830 km² ou encore 10 % de sa superficie totale. Objectif : préserver cette "biodiversité exceptionnelle" à l'heure où à cause du réchauffement climatique et de l'activité humaine, l'humanité assiste à un "véritable effondrement de la vie sauvage sur notre planète". Ces nouveaux sanctuaires disposent de deux statuts différents. Si, dans les réserves intégrales, toute présence et activité sont interdites (sauf dérogation), dans les espaces dits de "protection forte", la navigation n'est pas proscrite, mais il est impossible de s'arrêter et, là encore, il est par exemple impossible de pêcher.
Autre mesure, qui a été relayée bien au-delà du lagon : fin avril, le Congrès a voté un moratoire contre l'exploration et l'exploitation des ressources minérales [2] au sein de l'espace maritime de la Nouvelle-Calédonie, avec un changement de taille par rapport au texte initial. Alors que l'interdiction était prévue pour 10 ans, elle s'étend finalement sur une période de 50 ans. Jusqu'en 2075, seule la recherche scientifique y est autorisée afin de mieux comprendre ces mondes biologiques encore secrets.
Avec ses 1,3 million de km2,le PNMC constitue l'une des plus grandes aires marines protégées au monde et la deuxième plus importante du territoire français, derrière celle des Terres australes. La Nouvelle-Calédonie a donc toute sa place à ce sommet des océans, lors duquel le gouvernement entend bien faire rayonner les mesures de gestion récemment prises. "Depuis 2023, notre parc a pris une autre dimension à l'international et les efforts de préservation des Calédoniens et de ce petit pays vont, à Nice, pouvoir être pleinement reconnus. Ce sera l'opportunité, si ce n'est pas encore le cas, d'être repéré par les différents organismes étrangers et ONG, explique Jérémie Katidjo-Monnier, qui compte bien capter de nouveaux financements. Notre présence peut attirer de nouveaux bailleurs de fonds et mécènes internationaux et régionaux (comme c'est le cas notamment avec les États-Unis) pour financer la gestion du parc et la recherche." Autant de capitaux qui seraient injectés dans le Fonds de conservation de la mer de Corail, récemment créé.
L'Unoc peut également être l'occasion pour la Nouvelle-Calédonie de sceller des alliances ou des partenariats avec les gouvernements des États voisins du Pacifique afin de "mieux protéger" l'océan. Et ce, de manière concertée. Des "annonces" pourraient d'ailleurs être formulées sur ces sujets d'ici la clôture du sommet, prévue le 13 juin.
La nouvelle mandature de Jérémie Katidjo-Monnier au sein du 18e gouvernement s'annonce relativement courte, puisqu'un nouvel exécutif sera désigné à l'issue des élections provinciales (qui pourraient se tenir d'ici le 30 novembre). Un délai qui ne laisse pas beaucoup de marge de manœuvre pour mener une politique aboutie, mais qui n'empêche pas d'avancer sur certains dossiers. Parmi eux, une nouvelle extension des réserves hautement protégées, que le membre du gouvernement souhaiterait, "à titre personnel" pouvoir étendre sur 30 % de la surface du parc : "On peut d'ores-et-déjà travailler et proposer un calendrier pour adopter cette mesure, d'ici 2030 par exemple, sans forcément encore formuler de pourcentage. C'est une manière d'œuvrer dès aujourd'hui pour donner une trajectoire".
Links
[1] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/environnement/10-du-parc-naturel-de-la-mer-de-corail-est-desormais-hautement-protege
[2] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/environnement/sciences/le-congres-vote-un-moratoire-contre-l-exploitation-et-l-exploration-des-fonds-marins-pendant-50-ans
[3] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/environnement/la-vision-kanak-de-l-ocean-devoilee-dans-un-ouvrage
[4] https://www.lnc.nc/user/password
[5] https://www.lnc.nc/user/register
[6] https://www.lnc.nc/formulaire/contact?destinataire=abonnements