
Mais qui est le président de la province des Îles ? Depuis la condamnation en appel de Jacques Lalié, en novembre 2024, [1] à un an de prison et deux ans d’inéligibilité pour favoritisme dans l’attribution d’un marché public, le président (UC-FLNKS) de l’institution avait été contraint de démissionner et de céder son siège. Le 27 décembre suivant, c’est Mathias Waneux (UC-FLNKS également) qui était porté à la tête de l’assemblée [2] par les élus des Loyauté.
Mais entre-temps, l’ancien président avait saisi le Conseil d’État, qui avait suspendu l’exécution de la peine en attendant de statuer sur ce recours [3], à l’instar de ce dont ont bénéficié Philippe Gomès et Philippe Michel. Les deux cadres de Calédonie ensemble [4], condamnés pour détournement de fonds publics et tentative d’achats de voix, ont eux aussi conservé leur siège en attendant la décision du Conseil d’État.
Jacques Lalié a donc retrouvé son siège au Congrès il y a deux semaines, ainsi que celui d’élu de la province. Un retour qu’avait modérément apprécié son successeur. Les deux représentants se livrent depuis une bataille pour savoir lequel des deux est légitime à présider l’assemblée des Îles. Le 14 août, Jacques Lalié adressait ainsi un courrier au nouveau président, lui signifiant que "son élection n’ayant eu lieu qu’après le dépôt de ma requête en annulation, celle-ci est irrégulière." Quatre jours plus tard, il adressait une nouvelle missive indiquant reprendre ses fonctions de membre et président de la province des Îles. "J’ai laissé à M. Waneux jusqu’à ce vendredi 22 août pour libérer mes bureaux à Lifou et à Nouméa et rendre l’ensemble des moyens affectés à la présidence", ajoutant contester "toute décision ou acte pris par M. Waneux à compter du 18 août".
Mais Mathias Waneux ne semble pas vouloir céder à l’ultimatum. Il considère de son côté les éléments avancés par son prédécesseur comme "erronés". Il rappelle que l’arrêté du 29 novembre 2024 du haussariat actant la démission de Jacques Lalié du Congrès et de la province imposait également l’élection d’un nouveau président "dans un délai d’un mois". Ce qui fut donc fait le 27 décembre,"en pleine conformité avec l’arrêté" du représentant de l’État. Mathias Waneux estime "qu’en l’absence de décision de justice dans le contentieux initié par Jacques Lalié, l’exécutif élu le 27 décembre le demeure" et considère qu’en "se prévalant des attributs d’une fonction qu’il n’exerce pas, Monsieur Lalié commet une nouvelle faute grave". Il n’exclut d’ailleurs pas d’engager des poursuites et qualifie les demandes de l’ancien chef de la province de "dépourvues de tout fondement légal".
Aucune date n’est pour le moment fixée pour la tenue de la prochaine assemblée de province. Mais selon l’article 162 de la loi organique, elle doit se réunir "au moins une fois tous les deux mois sur convocation de son président". La dernière assemblée s’est réunie en juin. La prochaine doit donc légalement se tenir dans le courant du mois d’août. Reste à savoir qui, de Jacques Lalié ou de Mathias Waneux, la convoquera.
Links
[1] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/justice/condamne-a-deux-ans-d-ineligibilite-et-a-un-an-de-prison-avec-sursis-jacques-lalie-denonce-un-assassinat-politique
[2] https://www.lnc.nc/article/politique/demission-de-jacques-lalie-mathias-waneux-elu-president-de-la-province-des-iles
[3] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/justice/politique/jacques-lalie-va-retrouver-son-siege-au-congres
[4] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/politique/justice/philippe-gomes-et-philippe-michel-restent-elus-jusqu-a-quand
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