"La poursuite d’une méthode qui consisterait à privilégier des échanges avec un groupe parlementaire plutôt qu’avec le FLNKS, par l’intermédiaire de son président, ne saurait permettre de créer les conditions d’un dialogue utile, sincère et durable." Dans le courrier adressé par Pierre-Chanel Tutugoro, président du groupe au Congrès UC-FLNKS et Nationalistes, en réponse à l’invitation du président de la République de participer à un temps d’échanges le 16 janvier, le message est clair. L’interlocuteur légitime pour ce qui concerne cette séquence politique liée à l’avenir institutionnel du pays n’est pas le groupe parlementaire, mais bien le Front de libération nationale kanak et socialiste. "Un point de représentation politique qui revêt une importance majeure."

Pierre-Chanel Tutugoro regrette que le président du FLNKS, Christian Tein, qui se trouve actuellement à Paris [2], n’ait pas été destinataire de la missive, "alors même qu’il a formellement sollicité une entrevue directe avec vous". Car le FLNKS "est l’organisation politique faîtière du mouvement indépendantiste, et ce qui engage la trajectoire de décolonisation et les modalités du dialogue avec l’État relève de ce cadre et de l’autorité de son président, et non des seuls groupes au Congrès". L’UC-FLNKS et Nationalistes n’a donc pas vocation "à se substituer" au Front pour conduire le dialogue avec l’État.

Préciser la nature des échanges

Le président du groupe parlementaire rappelle également que le FLNKS a rejeté l’accord de Bougival lors de son congrès extraordinaire en août, ce qui signifie "retrait de mandat pour toute discussion relative à la mise en œuvre de ce projet et refus de toute consultation s’y rapportant". De fait, la séquence programmée en janvier nécessite "des clarifications indispensables". D’une part quant au refus de Bougival, d’autre part concernant les contributions du FLNKS qui, "à ce jour, n’ont fait l’objet d’aucun retour officiel", poursuit Pierre-Chanel Tutugoro, évoquant un projet de traité soumis à Gérald Darmanin en novembre 2023, ou encore l’accord de Kanaky, donné à Manuel Valls en mai. Le groupe demande donc de préciser la nature "exacte" des échanges que l’État entend engager. Et qu’il s’entretienne directement avec le président du FLNKS, afin de "clarifier le cadre, les objectifs et la méthode d’une éventuelle reprise des discussions".

À peine lancée, alors que la consultation anticipée prévue le 15 mars a été abandonnée par l’État [3] – sans annonce officielle -, l’invitation d’Emmanuel Macron au rendez-vous parisien paraît déjà fragilisée. Outre la réaction de l’UC-FLNKS et Nationalistes, les membres de la délégation Loyalistes ont également réagi dans un courrier mercredi 17 décembre [4], affirmant leur position de manière "parfaitement explicite". "Si les équilibres que vous proposez […] devaient avoir pour objet de revenir sur les équilibres politiques de l’accord de Bougival, alors Les Loyalistes n’y apporteront pas leur soutien." Autre nécessité : que les prochaines élections provinciales se tiennent avec un corps électoral dégelé.