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    Agriculture
  • Eugenia LOGIURATTO / AFP | Crée le 20.01.2024 à 10h00 | Mis à jour le 20.01.2024 à 10h00
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    Depuis que l’açai a acquis une renommée internationale dans les années 2000, il a déclenché un boom économique pour les agriculteurs traditionnels de la région amazonienne. Photo Evarisato SA / AFP
    Prisé par des stars de Hollywood pour ses vertus énergétiques et antioxydantes, l’açai, fruit emblématique d’Amazonie brésilienne, permet de faire vivre des dizaines de petits producteurs. Mais le succès est tel que la tendance à la monoculture dans certaines zones menace la biodiversité de la plus grande forêt tropicale de la planète.

    Par une chaleur étouffante, José Diogo grimpe sur un palmier pour cueillir une grappe de baies noires qui ressemblent à de grosses myrtilles : c’est le début de la récolte de l’açai. Ce quadragénaire vit dans une communauté afro-brésilienne quilombola, nom donné aux descendants d’esclaves fugitifs, à 120 km de Belem, capitale de l’Etat du Para (nord), où aura lieu en 2025 la conférence de l’ONU sur le climat COP-30.


    L’agriculteur Jose Santos Diogo sort un régime de fruits pour récolter les baies d’un palmier acaí dans sa plantation d’Abaetetuba, dans l’État de Para, dans la forêt amazonienne brésilienne. Photo Evarisato SA / AFP

    Situé dans la commune d’Abaetetuba, son village, Igarape Sao Joao, se trouve au bord de la rivière Itacuruça, où le sol inondé une partie de l’année est un terreau propice pour le palmier pinot, sur lequel pousse l’açai.

    "Quand la cueillette débute (elle a lieu d’août à janvier), notre situation s’améliore beaucoup", s’enthousiasme-t-il tout en égrenant les grandes grappes qui pendent près de la cime pour faire tomber les baies dans un grand panier. Dans une bonne journée, il remplit 25 paniers de 14 kg. Chacun de ses paniers peut lui rapporter jusqu’à 25 réais (environ 570 francs), selon le cours de l’açai.

    Direction Belem

    Des intermédiaires achètent les baies à sa communauté et les amènent par voie fluviale à Belem, où elles sont revendues au plus vite pour éviter qu’elles ne se gâtent.

    Dans le marché traditionnel Ver-o-peso, fondé en 1901, des dizaines d’hommes en sueur déchargent l’açai de leurs bateaux en pleine nuit et trouvent rapidement preneurs chez des fabricants de pulpe, de jus ou autres produits extraits de la baie.

    Maycon de Souza, 30 ans, empile trois paniers sur sa tête et deux autres sur son épaule droite : 70 kg au total.

    "En une nuit, je peux gagner 300 réais (environ 6 840 francs)", annonce-t-il.

    Biodiversité en danger

    L’Etat du Para concentre plus de 90 % de la production brésilienne d’açai. Ces dernières décennies, la consommation de ce "superaliment" a explosé, bien au-delà des frontières du Brésil, dans des jus ou des sorbets hautement énergétiques.

    La production d’açai a longtemps été présentée comme un modèle de "bio-économie", source de revenus pour les populations locales d’Amazonie sans rogner sur la forêt. Mais des études ont montré que cette expansion est nocive pour la biodiversité, quand le palmier pinot prend la place d’autres espèces natives.


    Après avoir été cueillies et mises dans des sacs, les baies d’açaí sont transportées par voie fluviale jusqu’au marché d’açai, sur les rives de la baie de Guajara, à Belem. Photo Evaristo SA / AFP

    "À l’état naturel, il y en a 50 à 60, voire 100 par hectare. Si on dépasse les 200, on perd 60 % de la biodiversité dans ces zones inondables", explique le biologiste Madson Freitas, chercheur au musée Emilio Goeldi de Belem.

    La monoculture est également préjudiciable pour la récolte de l’açai : la disparition de certaines plantes affecte la pollinisation par des insectes comme les abeilles, les fourmis ou les guêpes, ce qui fait chuter la production.

    "Investissement social"

    Madson Freitas, lui-même originaire d’une communauté quilombola du Para, considère qu’une production durable de l’açai est possible, à condition d’établir des règles plus strictes pour éviter la monoculture.

    Il préconise par ailleurs un "investissement social", par le biais de subventions, par exemple, pour encourager les petits producteurs à "préserver la forêt".

    Salomao Santos, leader communautaire du village d’Igarape Sao Joao, reconnaît que la monoculture de l’açai "peut devenir problématique". "Nous survivons grâce à l’Amazonie et l’Amazonie ne survit pas avec une seule espèce", insiste-t-il, rappelant les cycles éphémères du caoutchouc ou de la canne à sucre au début du siècle dernier en Amazonie.

    Salomao Santos dirige l’association Malungu, qui représente les communautés quilombolas du Para. "Nous rendons un grand service au monde en préservant la forêt. Maintenant, nous voulons que l’Etat et tous ceux qui ont tiré profit de la sueur et du sang des esclaves paient leur dette."

    Selon le dernier recensement, 1,3 million de personnes vivent dans les 3 500 communautés quilombolas du Brésil.

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