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  • Patrick Blain | Crée le 09.02.2024 à 18h11 | Mis à jour le 09.02.2024 à 18h11
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    Eloi Machoro, itinéraire d’un combattant est l’un des dix films en compétition officielle au Fifo 2024. Photo DR
    Eloi Machoro, itinéraire d’un combattant est l’une des dix œuvres en compétition officielle au Fifo, que la pluie a enfin laissé en paix. Loin du film engagé ou polémique, le nouvel opus d’Éric Bauducel sur la Nouvelle-Calédonie est une impeccable leçon d’histoire, dont le visionnage devrait au contraire rendre le pays optimiste. NC La 1ere a prévu de le diffuser le mardi 20 février à 20 heures.

    En 1990, un jeune réalisateur à peine diplômé traverse la Nouvelle-Calédonie à pied et y consacre son premier court métrage, Terre inconnue. Une demi-douzaine de documentaires et un roman plus tard, Éric Bauducel, né à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) mais définitivement contaminé à la terre rouge, est une nouvelle fois en compétition officielle au Fifo avec Eloi Machoro, itinéraire d’un combattant. Un sujet délicat, beaucoup diront casse-gueule. " Chef de guerre " devenu " incontrôlable " ou héros martyr de la lutte pour l’indépendance, l’homme au tamiok brisant l’urne est en effet un personnage clivant. Est-il vraiment utile de raviver la braise de ces temps dramatiques ? Le pays n’a-t-il pas assez de ses multiples impasses actuelles pour devoir encore se retourner sur son passé ?

    Oui, pour la première réponse, non à la seconde : clairement, les Calédoniens ont de bonnes raisons de regarder " le " Machoro.

    Pas de parti pris

    D’abord parce que la rigueur de l’écriture ainsi qu’une multitude de documents d’époque, y compris sortis des archives des Nouvelles, maintiennent les 53 minutes du sujet en équilibre sur le strict fil de l’information. Pas de parti pris. Ni apitoiement ni condamnation. Seuls parlent les faits et les images, beaucoup d’images. Un gros travail de documentation a été fait. De ceux qui connaissent le sujet par cœur aux derniers arrivants sur le territoire, chacun trouvera au film une utilité, allant du motif de méditation à une très efficace manière d’accélérer leur acclimatation.

    Ensuite pour la valeur ajoutée que constituent le casting et la force des propos de ses témoins : le synthétique Alain Christnacht, Jean-Pierre Aïfa, chez lequel son éviction de la tête de l’UC suscite toujours une émotion contagieuse, Caroline Régnier-Machoro et les proches compagnons de son frère, comme Gaétan Dohouade, qui l’a vu s’écrouler, une balle dans le sternum, au matin du 12 janvier 1985, pour n’en citer que quelques-uns.

    " Regarde, c’est l’écriture de papa ! "

    La bonne idée d’Éric Bauducel a été de solliciter les deux enfants du " guerrier ". Leurs prises de parole constituent autant de moments forts. D’entrée, au cimetière de Nakety, Éric et Diana Machoro évoquent ce père qu’ils ont " à peine connu ". Dans une école de Thio où il a enseigné, on a le sentiment qu’ils découvrent devant la caméra des pans de sa vie. " Regarde, c’est l’écriture de papa ! ". Ni haine, ni colère. Toujours, leurs interventions sont empreintes de mesure et de dignité.

    Cette retenue entre en résonance avec les propos tenus en leur temps par des représentants de l’autre camp. " C’est pas les Kanak qu’on chasse […], assure l’un d’entre eux sur un barrage. Nous, on les connaît, on veut vivre avec eux ! ". " Mais bien sûr qu’une entente est possible, renchérit un second, à la seule condition, toutefois, c’est que les meneurs soient ailleurs ".

    Un catalogue permanent

    Et c’est dans cette modération partagée, à quarante ans d’écart, que réside la principale raison de regarder Eloi Machoro, itinéraire d’un combattant. Pour l’optimisme qu’il insuffle au spectateur. Le film est un catalogue permanent rappelant toutes les occasions qu’aurait eu le pays de s’embraser. Les 90 vies perdues lors de la décennie des " Evénements " sont bien sûr chacune une tragédie. Mais les armes ont été rangées, Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur ont tendu la main droite et la guerre civile n’a pas été plus loin. Un territoire qui a refusé, à ce point de crispation, un scénario mortifère, auquel tout poussait, n’a-t-il pas les forces pour se sortir de n’importe quelle situation – ou presque ?

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