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    Faits divers
  • Etienne BALMER  / AFP | Crée le 03.02.2024 à 14h00 | Mis à jour le 03.02.2024 à 14h00
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    Satoshi Kirishima, ici sur une affiche dans une gare du district de Chuo à Tokyo, pourrait être décédé lundi d’un cancer après 50 ans de cavale. Photo Philip FONG / AFP
    Ancien membre d’un groupuscule révolutionnaire d’extrême gauche au Japon auteur de plusieurs attentats à la bombe au milieu des années 1970, Satoshi Kirishima dont les médias nippons ont annoncé la mort lundi, faisait partie des fugitifs les plus recherchés dans le pays, et ce depuis près de 50 ans.

    Sa cavale est longtemps restée un mystère absolu, même si le portrait souriant d’un jeune Satoshi Kirishima, aux cheveux longs et aux épaisses lunettes, est affiché depuis des décennies sur les murs des postes de police dans tout le Japon.

    Depuis vendredi, les médias nippons sont en ébullition, rapportant qu’un homme récemment venu se faire hospitaliser dans un état critique à Kamakura, au sud-ouest de Tokyo, a soudainement déclaré être Satoshi Kirishima : "Je veux vivre mes derniers instants sous mon vrai nom", aurait-il expliqué jeudi dernier.

    Ce patient, qui s’était initialement fait enregistrer sous une autre identité, est mort lundi, alors qu’il souffrait d’un cancer à l’estomac en phase terminale, toujours selon les médias locaux. Aux policiers venus l’interroger durant son agonie, il avait répondu avec précision à des questions sur la famille de M. Kirishima, et avait des traits physiques similaires à ceux du célèbre fugitif, selon l’agence de presse japonaise Jiji. "Il y a une très forte probabilité" que cet homme était bien Satoshi Kirishima, a confié une source policière de haut rang au quotidien Asahi.

    Cellule "Scorpion"

    La police japonaise n’a fait aucun commentaire officiel depuis le début de l’affaire, cherchant d’abord à confirmer par des analyses ADN qu’il s’agissait bel et bien de cet ancien membre du Front armé anti-japonais d’Asie de l’Est. Cette organisation nippone d’extrême-gauche prônant la lutte armée avait semé la terreur au milieu des années 1970 avec ses attentats à la bombe visant de grandes entreprises japonaises. Le 30 août 1974, un attentat organisé par la cellule "Loup" de ce groupuscule avait notamment fait huit morts et des centaines de blessés au siège de la société japonaise Mitsubishi Heavy Industries à Tokyo.

    Né le 9 janvier 1954 dans le département de Hiroshima (ouest) et parti étudier à Tokyo au début des années 1970, Satoshi Kirishima faisait lui partie d’une autre cellule de l’organisation, "Scorpion". La police japonaise le soupçonne notamment d’avoir fait exploser une autre bombe artisanale à Tokyo en avril 1975, qui n’avait pas fait de victimes.

    Un mois plus tard, la police mettait la main sur les principaux membres de l’organisation, laquelle avait alors disparu de facto. Mais Satoshi Kirishima avait échappé à ce coup de filet et les enquêteurs n’avaient jamais retrouvé sa trace.

    Un fantôme des "années de plomb" au Japon

    Avant son décès, le patient qui affirmait être le célèbre fugitif a déclaré aux policiers avoir travaillé pendant des décennies pour une entreprise de construction de Fujisawa (sud-ouest de Tokyo) sous le faux nom de Hiroshi Uchida, selon les médias locaux. Son employeur le payait en liquide, et l’homme ne possédait ni carte d’assurance-maladie ni permis de conduire, selon TV Asahi.

    Ce n’est que lorsque les souffrances causées par son cancer étaient devenues intolérables qu’il s’était résolu à se faire hospitaliser ce mois-ci, accompagné par un collègue de son entreprise, selon l’agence de presse Kyodo.

    Comme dans les pays occidentaux, le Japon a connu d’importants mouvements de contestation étudiante dans les années 1960, contre la présence militaire américaine inscrite dans la durée dans l’archipel et contre la guerre au Vietnam notamment.

    Après l’essoufflement de cette "Nouvelle Gauche" japonaise à la fin des années 1960, certains militants radicaux ont fondé des groupes de lutte armée, comme l’Armée rouge japonaise (ARJ), le plus meurtrier d’entre eux, qui ont surtout été actifs dans les années 1970.

    Nombre d’anciens membres de ces groupes révolutionnaires ont fini par être arrêtés et condamnés au Japon, parfois après de longues cavales.

    Fusako Shigenobu, la fondatrice de l’ARJ qui a longtemps vécu au Proche-Orient, avait ainsi été arrêtée en 2000 peu après être rentrée clandestinement au Japon. Elle a été libérée en 2022, après avoir purgé une peine de 20 ans de prison.

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